Soumission

Si vous avez allumé la télévision en ce début d'année 2015, vous avez très certainement entendu parlé de ce livre qui a fait couler beaucoup d'encre. Je parle bien sûr du très polémique "Soumission" de Michel Houellebecq.

 

 

Pour ceux qui habitent dans une grotte et qui ignorent de quoi parle cet ouvrage, voici le synopsis d'Amazon qui résume assez bien le livre.

"Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s'engage dans la carrière universitaire. Peu motivé par l'enseignement, il s'attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu'à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve."

(Avant toute chose, je signale que ce qu'il ne s'agit là uniquement de mon opinion personnelle.)

Je vais faire très court : je n'ai pas trop trop aimé.

En achetant "Soumission", je m'attendais à un mélange entre le roman d'anticipation et l'uchronie. Alors certes, il y a un peu de ça mais il y a d'autres choses en plus et ce sont elles qui me posent problèmes.

- Le style d'écriture : J'en conviens ; apprécier ou non l'écriture d'un auteur est une question de pur goût. Pour ma part, je n'ai pas particulièrement aimé son style. Je le trouve un peu inconsistant. Dans un paragraphe, on a des phrases très bien écrites et qui font de très belles citations. Et dans la page suivante, on retourne sur un ton familier, voir vulgaire. Mais bon, après ça se lit assez facilement une fois qu'on saute les passages où François le Français le personnage principal, déblatère sur l'auteur sur lequel il a écrit sa thèse. (Huysmans je crois ou un truc du genre.)

- Le régime islamique en France : C'est vraiment le point plus intéressant du livre et paradoxalement le plus sous-exploité. Pour vous résumer sans vous spoiler : l'histoire commence quelques semaines avant les élections présidentielles de 2022. Il y a 3 grandes forces politiques en place : l'extrême-droite, la gauche et le parti musulman qui s'est installé depuis quelques temps en France. Ce dernier voudrait avoir en sa possession plusieurs ministères, notamment celui de l'Education Nationale.

A ce niveau-là, je trouve la réflexion extrêmement bien menée. Pour le parti musulman du livre, avoir la mainmise sur l'éducation et imposer un enseignement religieux aux enfants, c'est avoir la mainmise sur l'avenir. Tous les jeunes sont alors imprégnés dès leur plus jeune âge des principes de l'islam et n'envisageront jamais de quitter le système dans lequel ils ont grandi. En imprégnant les jeunes, c'est la société entière qui est ensuite imprégnée et qui finalement imprègne ses représentants politiques.

De manière générale, la montée au pouvoir de Mohammed Ben Abbes semble tout à fait crédible. Je trouve quand même que ça s'essouffle un petit peu au bout d'un moment, notamment lorsque vient le temps de poser les nouvelles "règles" en France. Quand on voit comment le mariage homosexuel a fait débat, je ne trouve pas très logique que l'instauration de la polygamie et que la dégradation de la situation des femmes se soient passées sans heurt.

Le thème de la guerre civile et des attentats est également abordé au tout début du livre. Trop peu à mon goût. Certains événements ayant eu lieu avant et pendant les élections ne sont finalement jamais éclaircis. De plus, cette guerre civile recherchée sciemment par certaines personnes...eh ben, on n'en parle quasiment plus.

Alors est-ce une métaphore ? Comme le ferait les médias qui censurent les événements gênants, est-ce que Houellebecq fait exprès de ne pas en parler ? Le personnage principal est-il lui même victime d'une censure sans s'en rendre compte ? Après tout, personne ne se plaint de ce nouveau régime alors que des mouvements radicaux étaient bien présents pendant les élections. Où sont passés les féministes dans ce livre ? Si ça se trouve, les opposants sont forcés de se taire et froidement éliminés dans l'ombre...

 

- Les scènes de cul : Quelle n'a pas été ma surprise en voyant que François le français est un gros libidineux qui se tape des petites étudiantes et des escorts ! Ce n'est pas vraiment le sexe qui m'a choqué ici : c'est plutôt la vulgarité avec laquelle il est écrit. Aucune sensualité et aucun intérêt sur le développement psychologique du héros. Je trouve que ces scènes tombent comme un cheveu sur la soupe et sont tout à fait hors propos dans le livre. Je refuse de croire que (sous prétexte que c'est un roman polémique rédigé par un grand auteur) parler de la faculté extraordinaire de la jeune étudiante à contracter à volonté son organe sexuel en des termes crus soit d'un quelconque intérêt pour la littérature française. Ces scènes de sexe m'ont complètement gâchées la lecture.

J'ai essayé d'y trouver un message caché : on a la sexualité d'un homme occidental confrontée à une société qui s'islamise. Mais de un : est-ce que payer des prostituées ou se taper des étudiantes, c'est vraiment la sexualité de Monsieur Tout-le-monde occidental ? Et de deux le sexe ne disparaissait pas avec l'islam. Au contraire, la polygamie s'installe.

Bref, ces scènes étaient pour moi inutiles et complètement déplacées.

- Et l'histoire en elle-même finalement ? Ben c'est un peu le point faible. Autant le background est super bien fait, autant on s'ennuie un peu en lisant le livre. François fait pas grand chose à par réfléchir sur sa petite vie morne et visiter quelques lieux. J'ai trouvé la fin assez satisfaisante. On ignore absolument ce que va devenir la France et François mais ce n'est pas plus mal ma foi. Ca laisse la place à l'imagination

 

J'avais entendu parler de se livrer au moment de l’attentat contre Charlie hebdo, il était ressorti à ce moment-là dans la presse et les média. Personnellement, je n'ai pas lue le livre, mes, je pense que houellebecq dans cet ouvrage a tout simplement voulue jeter un pavé dans la mare et provoquer un questionnement chez les Français .

 

Après, c'est intéressant d'avoir l'avis des lecteurs en tout cas, tu en as fait une bonne critique.