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[Fanfiction] Je ne te laisserai jamais


Evangelina
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Elle coupe d’un coup de dent le fil blanc avec lequel elle raccommodait les chaussettes d’Antoine et souris à la vue des deux petites têtes penchées sur la table à côté. L’une brune s’acharne sur un exercice de mathématiques alors que l’autre toute blonde suit avec application le dessin de ses premières lettres. Sylvie se retourne vers la véranda de leur maison là où fleurit le magnifique rosier rouge que lui a offert David pour leur 8ème anniversaire de mariage. Les fleurs commencent à se faner en cette fin de septembre alors que les feuilles des arbres prennent une jolie teinte auburn. Il lui manque tellement à chaque seconde qu’elle a envie de hurler mais elle se retient. Elle se rappelle ce jour lointain, cette promesse, celle de ne jamais se mettre au travers de sa quête de vérité et de justice.

 

- Je t’aime, Sylvie, Je n’ai jamais aimé une femme à ce point et c’est justement à cause de cet amour que je te supplie de me quitter.

 

- Tu es fou, moi aussi je t’aime. Pourquoi me dis-tu cela ?

 

- Parce que je suis un correspondant de guerre, je joue ma vie chaque seconde que Dieu fait. Parce que je ne veux pas te faire subir ces attentes angoissées dans la hantise d’un veuvage prématuré. Parce que je ne veux pas avoir d’enfants de peur d’en faire de pauvres petits orphelins. Parce que….

 

- Arrête, je t’en supplie. Tu n’as pas le droit de décider seul. J’ai choisi de t’aimer et de vivre avec toi, alors ne m’enlève pas ça.

 

- Sylvie…

 

- Je sais que ton métier est très important pour toi. Je sais que je ne peux pas te demander d’arrêter. Je te promets de ne jamais te demander d’arrêter. Promets-moi alors de me laisser choisir ma vie comme je l’entends.

 

- Tu es sure ?

 

- Oui, je t’aime et je choisis de rester avec toi pour la vie.

 

Elle s’en rappelle comme si c’était hier. Pourtant rien ne destinait la belle responsable de création d’une ligne de sport qu’elle est à rencontrer le jeune reporter intrépide qu’il était. Elle sourit en se remémorant les quelques souvenirs de cette soirée où son amie Julie l’avait entrainée.

 

- Tu t’ennuis toujours trop, tu ne sors jamais, tu es célibataire depuis Dieu sait combien d’années…

 

- Ça ne fait que quelques mois que Victor et moi avions rompu. Tu exagères toujours.

 

- Sylvie, ça te dirait d’aller à une soirée spéciale. Elle est donnée en l’honneur de la délégation indienne ici à Paris.

 

- Non.

 

- S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît. Je promets de faire tout ce que tu veux pour que tu y ailles avec moi.

 

- Il y a anguille sous roche. Répondit-elle en levant la tête de son dessin.

 

- C’est… euh. En fait, il y a un homme sympathique sur lequel j’ai littéralement flashé. Et cette beauté viendra avec un ami, un reporter, ou je ne sais quoi, qu’il a réussi à entraîner avec lui.

 

- Julie… Laisse tomber. Je n’ai pas envie de jouer les faire valoir.

 

- Et pour ta meilleure amie qui se meurt de solitude. Accepte je t’en supplie.

 

Et elle a fini par accepter. Peut être juste pour avoir la paix. Julie était une jolie rousse écervelée mais têtue comme une mule et qui obtient toujours ce qu’elle veut. Sylvie s’est toujours demandé – et David lui a même posé la question sans obtenir une réponse satisfaisante – comment elle a pu se lier d’amitié avec ce genre de fille. Peut être parce que Julie lui apportait ce grain de folie dont elle était dépourvue. « Oui, ça doit être ça » marmonne-t-elle.

 

- Maman, tu as dit quelque chose ?

 

- Non ma chérie. Tiens, montre moi ce que tu as fait. Mais c’est très bien. Il faut juste que tu arrondis un peu plus tes B mon ange, dit-elle en caressant les boucles blondes de sa fille Aurélie âgée de 6 ans.

 

- D’accord, maman. Dis, papa rentre bientôt ?

 

Un pincement au cœur, une sourde angoisse qu’elle n’arrive pas à calmer.

 

- Oui bientôt mon ange, bientôt, comme il l’a promis.

 

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