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[FanFiction] Skyrim


KeKeR
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Bonjour à tous :o Voilà, j'ai eu un nouveau pc depuis peu, et j'ai décidé de reprendre Skyrim en le moddant un peu plus qu'avant (gameplay-ement parlant). Aussi, il m'est venu l'idée de raconter mes aventures sous forme de récit, qui continuerait en même temps que je continue le jeu. Je ne ferais pas la quête principale, bien entendu, et j'ai commencé différemment que le jeu original. J'espère que ça vous plaira !

 

 

Je reprends conscience, petit à petit. La matière sur laquelle je dors n'est vraiment pas agréable. Je me relève doucement et essaie de comprendre où je suis. Une sorte de marai. Le sol est spongieux et humide. La brume s'élève doucement autour de moi. Je fais un pas. Une horrible sensation se fait sentir entre mes jambes. Oui, je me souviens à présent... De certaines choses. Tout tourne autour de moi. Je fais quelques pas et je décide de m'asseoir un peu plus loin, en sortant du marai.

 

Je m'appelle Layah Senjo, et je suis... Je ne suis plus rien. Victime des horreurs de la guerre, je me souviens juste avoir été enlevée par des soldats et violée à plusieurs reprises. Rien qu'en y repensant, mes jambes sont faibles et les larmes coulent d'elles-mêmes. Je regarde mon propre corps et constate l'ampleur des dégâts. Des meurtrissures sur les bras, des bleus sur le torse et des rougeurs un peu partout. Quelques blessures aux zones intimes. Les nuits furent longues ces derniers temps... J'attache mes cheveux et remarque d'ailleurs que les soldats ont eu la "gentillesse" de m'abandonner habillée. Avec des habits sales et puants, certes, mais habillée. Je me lève très lentement, sentant la migraine et les vertiges arriver. En fouillant ma modeste tenue, je découvre 9 orins et une pomme, que je dévore sur le champ. J'ai si faim... Je parcours un bout de chemin sans savoir où je vais, jusqu'à ce que j'aperçoive un grand rempart de pierre. Vendeaume. Une grande ville fortifiée, entourée par la neige. Moi qui pensais que ce n'était qu'une impression, je suis donc bel et bien frigorifiée. Je me précipite autant que je peux afin de trouver refuge aux écuries. Une femme me regarde entrer, surprise. Gênée par mon impolitesse, je bégaie :

 

— S-Sauriez-vous où... Où je pourrais trouver des informations... S-Sur une quelconque guerre qui se passait à...

 

Je m'arrête un instant. Où, exactement ? Je réfléchis un moment puis retrouve le nom de la ville où j'étais.

 

— À Helgen.

 

La gentille femme des écuries m'indique l'auberge de Vendeaume, le Candelâtre. J'y rentre et pose la même question à l'aubergiste.

 

— Hm, j'sais pas trop à vrai dire. Mais j'connais quelqu'un qui pourra p'tet vous renseigner. Un certain Sam, à l'auberge située au Bosquet de Kyne.

 

Pieds nus et sans même avoir pu me réchauffer, je me dirige vers la dite auberge. J'y arrive gelée jusqu'aux os, les pieds rouges, tremblotant. Personne ne s'est inquiété de mon état. Un Orc s'est juste levé pour me tendre un papier, puis est retourné s'asseoir. Mais j'ai d'autres préoccupations. Je me dirige vers l'aubergiste.

 

— B-Bonsoir, bégaie-je, s-sauriez-vous où... Où je pourrais t-trouver Sam ?

 

Le froid m'empêche de parler correctement.

 

— Sam ? Z'en avez pas assez de lui ? Il vient ici tout les Sundas et Lundas. Là, il doit sûrement rentrer au pont du dragon. Vous voudriez sûrement pas l'attendre alors...

 

— S-Si ! la coupais-je. J-Je prendrais b-b-bien une chambre, s-si elles ne sont pas... Pas trop chères...

 

— 10 orins.

 

Je prends. L'aubergiste me montra ma chambre. Même pas une porte pour se protéger d'éventuels voleurs. Mais il y a de la nourriture gratuite, que je dévore en un instant. Repue, je prends enfin mon premier moment de repos. Je préfère ne pas trop ressasser les derniers évènements. En regardant mon bassin, ma poitrine se serre et j'ai à nouveau envie de pleurer. Je ne me souviens pas exactement des détails... Seulement que c'était horrible. En parcourant la salle des yeux, j'aperçois un petit miroir et décide de le prendre. Ma mémoire est vraiment défaillante, et je ne me souviens même pas à quoi je ressemble exactement... Je me regarde dans le miroir. Je suis plutôt fine, des cheveux châtains, très longs. Là, ils sont attachés en une queue-de-cheval. Sur ma joue, un tatouage peint en noir descend jusque sur mon cou. Je ne vois pas très bien ce qu'il représente, et ne le trouve pas particulièrement beau. Je regarde mon corps. J'ai l'air assez maigre, mais cela est sûrement dû au traitement que j'ai subi... J'ai une poitrine plutôt intéressante, et des jambes assez grandes. Je dois être plutôt bonne pour la course. Mais assez de m'observer. La fatigue me prend, et je m'allonge dans mon lit où je m'endors rapidement.

 

Le lendemain matin, je demande à l'aubergiste ma route, qui me renseigne très précisément sur l'endroit où se trouve Sam. Même si je suis réticente à l'idée de sortir dehors par ce froid, je prends mon courage à deux mains et m'y risque.

 

Pendant un jour entier, j'ai lutté contre le froid. Pourchassée par les loups, j'ai du pousser mon corps à ses limites. Alors que je venais à peine de récupérer, me voilà à nouveau exténuée et affamée... Le froid me ronge, me blesse. De petites plaies commencent à apparaitre sur tout mon corps, et je me sens lourde... Ce ne fut qu'à la fin du premier jour que la neige commença à laisser petit à petit la place à la terre. Que l'air me parut plus doux. Cela me redonna espoir et courage, et au petit matin, je fus devant le pont du dragon. Là, un homme encapuchonné s'approcha de moi.

 

— J'ai entendu dire que vous me cherchiez. Pour des... Informations.

 

— V-Vous êtes Sam ? Comment m'avez-vous reconnue ?

 

Il me dévisagea de la tête aux pieds. Je n'étais pas tellement différente d'une pauvresse. Non, à vrai dire, j'en étais une...

 

— Néanmoins, reprit Sam, les informations coûtent cher. Cela fera 1000 orins.

 

Tout espoir m'abandonna. Je pensais suivre cette piste pour retrouver mon passé, reprendre à partir de quelque chose, et voilà que tout s'écroulait, et moi avec. Je tombais au sol, mes jambes ne me tenant plus.

 

— M... Mille orins ? Je n'ai pas une telle somme...

 

— Alors revenez me voir quand vous l'aurez.

 

Ce fut les derniers mots de l'homme. Il se retourna et partit. J'étais anéantie. Où allais-je trouver une telle somme ? Je marchais jusqu'à l'auberge. Là, je demandais à l'aubergiste si l'on avait un quelconque travail.

 

— 'Savez-vous battre ? 'Parait que y'a des bandits dans une grotte du coin. Les soldats vous fileront un bon prix.

 

On me tendit une affiche avec la tête du chef de la bande. Même si je ne savais pas me battre... C'était mon seul travail. J'allais devoir y aller...

 

Je me dirigeais jusqu'à la grotte. Une fois arrivée, je me cachais dans un buisson. J'étais venue uniquement pour l'or, mais maintenant que j'étais devant les faits... Je me sentais bien moins à l'aise... Avais-je déjà tué quelqu'un ? Savais-je me battre ? De toute manière, je n'étais pas armée, alors tout cela était inutile... Alors que je me levais, une main se posa sur mon épaule.

 

— Alors, mam'zelle, qu'est-ce qu'on fait dans le coin ?

 

Je me retournais vivement. Deux hommes se tenaient derrière moi, et vu leur apparence, c'étaient vraisemblablement des bandits. Ils souriaient, montrant leurs dents pourries. L'un d'eux sauta sur moi pour me maitriser et me plaqua au sol.

 

— Mais c'est que t'es plutôt mignonne, dis-moi ! Viens, on va l'amener au chef, voir si on peut obtenir kekchoz' d'elle.

 

L'autre acquiesça en ricanant. La peur me rongea les entrailles. Faire quelque chose de moi ? Tout cela ressemblait trop à une scène que j'avais déjà vécue... Et que je redoutais. Les deux hommes me maltraitèrent durant le court trajet jusqu'au repaire de leur chef. Me pelotant, me léchant les joues, tentant de m'embrasser ou de mettre leurs mains dans mes vêtements. J'étais terrifiée, et commençais déjà à pleurer. J'arrivais à peine à avancer, mon corps ne me répondait plus. Au fond de moi, une voix me disait d'abandonner, de laisser faire et de mourir ici. Quand ils arrivèrent devant leur chef, les deux hommes appelèrent leurs camarades, et toute la bande fut bientôt regroupée autour de moi.

 

— Et bien, et bien. Qu'avons-nous là ? fit le chef des bandits. Une jolie petite donzelle qui vient jusqu'à notre grotte ! Même pas besoin de l'enlever !

 

Il me dévisagea du regard un moment, puis ordonna à l'un de ses sous-fifres de me fouiller. Le salopard en profita un maximum, fouillant mes poches en tripotant mes cuisses, caressant mes bras et me soufflant dans l'oreille. Cet homme ne m'inspirait que du dégoût, et pourtant... Je n'arrivais pas à faire un seul geste. La peur me pétrifiait. Le bandit sortit la prime que l'aubergiste m'avait donné et la tendit à son chef.

 

— Ma foi, cela m'a tout l'air d'être une attaque. Tu voulais nous tuer pour toucher la récompense ?

 

Je ne réussis pas à répondre. Le chef des bandits eut un sourire inquiétant.

 

— Bien. Tu as visiblement échoué. Et nous t'avons capturée. Maintenant, les choses suivent leur cours logique...

 

Les bandits hurlèrent de joie et commencèrent à me toucher avec leurs mains répugnantes. Ils tentèrent d'arracher mes habits tandis que je me débattais, que je hurlais et que je pleurais. Alors que l'un d'eux frôla une zone sensible de mon corps d'un peu trop près, je sentis une vive brûlure sur ma joue, et il y eut une explosion. Les bandits volèrent. Carbonisés. Je restais au milieu, assise sur le sol, ma joue brûlante et mes poings... En feu. J'étais encore plus surprise que le chef qui me regardait pourtant avec des yeux ronds. Je maitrisais la magie. J'étais une mage ! La brûlure sur ma joue provenait de mon tatouage. Je me relevais doucement, tandis que le chef des bandits sortait son immense claymore.

 

— Ne pense pas que tu sois la première mage à qui j'ai affaire, gamine.

 

Il hurla et se précipita sur moi. Je réussis à esquiver maladroitement et retente un sort de flammes. Le chef esquive à son tour. Je me cache alors derrière une colonne de pierre et prépare mon prochain sort, le même, le seul que je connaisse. Mon coeur bat follement dans ma poitrine. Mes pensées sont toutes embrouillées et j'ai peur. Incroyablement peur. Mais mon corps agit de lui-même, l'adrénaline me pousse à combattre. Je ressors de derrière la pierre alors que le chef exécute une attaque horizontale avec sa claymore. Dirigée vers mon cou. Je me penche, ou plutôt je tombe, pour esquiver et l'énorme lame se plante dans la pierre. Ma chance. Je me rue sur le chef, mes mains enflammées, et le touche au torse, sur son armure. Et je lance mon sort. Petit à petit, alors que le chef des bandits se débat, le métal fond, lui brûlant la poitrine. Je me retire vivement pour reprendre ma respiration, coupée je ne sais quand, et regarde ce que j'ai fait. Le chef des bandits se tord dans tous les sens puis finit par mourir brûlé à la poitrine. Tout autour de moi, des corps gisent, inertes. Et je suis au milieu d'eux. Joyeuse. Car c'était réellement ce que tout cela m'inspirait. De la joie. Ces hommes horribles, qui avait tenté de me violer, étaient morts. Et j'allais recevoir ma première paye. J'étais une mage. Et puissante, en plus de cela. Je m'asseyais sur le sol pour me détendre. Ces mille orins ne seraient peut-être pas difficile à rassembler...

 

 

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Oh! Je vois que je ne suis pas la seule à écrire mes haut-faits (ou pas) de Skyrim! C'est une très bonne idée de nous le faire partager!

Attention néanmoins au temps de ton récit (un coup il est au passé, un coup au présent)! Et, j'ai peut-être lu trop vite mais je crois bien avoir vue une incohérence: quand Layah reprend connaissance, elle a 9 orins sur elle et portant elle paye la chambre à 10 orins...?

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Pour l'incohérence... Wi, bon, j'raconte pas tout ce que je vends :3 Nan mais waip x3 C'pas très logique. Je ferais attention la prochaine fois, même si ça ne posera sûrement plus de problèmes.

 

Quant aux temps, autant j'm'en sors quand j'écris à la troisième personne, autant dès que je passe à la première, tout fout le camp. J'ai du mal à me décider pour le moment, mais ça viendra au fur et à mesure je pense. Que me conseillerais-tu, toi ?

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Tout dépends de tes facilité en conjugaison! C'est vrai que le présent, c'est cool à conjuguer mais je trouve qu'écrire un récit au passé est bien plus facile. Après l'important, c'est de bien te relire pour être sûr d'avoir mis tous les verbes au même temps...sinon, ça fait tâche dans le texte...

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Je trouve perso que le présent ne convient pas trop au récit, même pour des évènements qui se passent "en temps réel" comme ici. Je pense que je vais m'orienter vers le passé, peu importe si le narrateur est en train de raconter.

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Voilà pour la suite ! J'ai utilisé plusieurs mods pour celui-ci, je mets le lien s'ils vous intéressent !

 

Hunting in Skyrim : http://steamcommunity.com/sharedfiles/filedetails/?id=151927819

Merchant's Apprentice : http://steamcommunity.com/sharedfiles/filedetails/?id=115021585

 

Voilà, ce sont les deux principaux qui interviennent dans cette partie !

 

 

Sur la route pour Solitude, capitale de Bordeciel, je tentais de rafistoler ma tenue. Les bandits l'avaient un peu abimée, et je n'étais déjà pas très bien vêtue... Néanmoins, je ne pouvais pas m'autoriser de dépenses inutiles. Il me fallait tout d'abord 1000 orins. Arrivée à la capitale, je ramassais rapidement ma prime et repartit sur la route. J'étais honteuse de porter de tels vêtements dans une capitale comme celle-ci... Les gens étaient tous très bien habillés et me regardaient d'un air si supérieur... Sentir leurs regards se poser sur moi était à peine mieux que de se faire tripoter par un bandit. Mais je réussis à faire abstraction de cela le temps de récupérer mes 100 orins en récompense. Après cela, je fis quelques autres petits boulots, très variés. Aider des gens à ramasser leurs récoltes, tuer encore des bandits, retrouver un chien... Je réussis à amasser un petit pactole de 900 orins. Mais c'était toujours trop peu... C'est en arrivant du côté de Rivebois que la solution s'imposa à moi.

 

Alors que je pénétrais dans la petite bourgade, un homme habillé étrangement apparut devant moi.

 

— Bien le bonjour, mademoiselle ! Je me permets de vous importuner quelques instants car j'ai vu que vous étiez dans un piteux état !

 

— Merci du compliment... bougonnais-je.

 

— Ah, ne vous méprenez pas ! s'excusa l'homme. Je ne voulais pas vous offenser ! Non, c'est juste que vous me semblez bien pauvre, et je viens vous proposer quelque chose !

 

Je fronçais les sourcils. Cela sentait l'arnaque à plein nez.

 

— Quel genre de proposition ?

 

— C'est très simple ! Je fais parti d'une association de marchands, et nous nous sommes rendus compte que cet honorable travail était de moins en moins bien représenté. En effet, de nos jours, les gens préfèrent partir à l'aventure, chasser des monstres, risquer leur vie inutilement... C'est pourquoi je vous propose ceci ! Nous vous formons gratuitement au métier de marchand !

 

— Qu'est-ce que vous y gagner dans l'histoire ? demandais-je, suspicieuse.

 

— Uniquement le fait de développer l'économie locale. C'est tout ce qui nous importe.

 

— Et bien... Cela me semble un peu suspect...

 

— Je vous assure que cette proposition est authentique ! Nous ne voulons absolument pas vous piéger, juste vous aider pour que vous puissiez nous aider sans même vous en rendre compte !

 

J'hésitais une seconde. Il était vrai que j'avais besoin d'argent, mais cela paraissait presque trop beau... Néanmoins, j'acceptais la proposition.

 

— À la bonne heure ! s'exclama l'homme. Venez avec moi, je vais vous apprendre les bases. Après, vous devrez vous débrouiller toute seule.

 

Mon "maitre" m'amena jusqu'à une sorte de petite cabane où étaient disposés plusieurs établis. Une forge, une table d'enchantement ainsi qu'une d'alchimie... Tout était présent pour qu'une personne puisse aisément créer ce qu'elle voulait. Là, l'étrange homme m'apprit les bases d'alchimie, d'enchantement et de forge afin que je puisse me débrouiller seule par la suite. Ceci dura environ trois jours, un jour pour chaque discipline. Je n'étais pas une experte en la matière au bout de ces trois jours, mais j'avais déjà des bases. Le quatrième jour, il m'apprit à marchander. Néanmoins, je n'eus pas de magasin attitré, ni même d'endroit ou rien de ce genre. Non, je devenais une marchande ambulante, ce qui me convenait parfaitement. En voyageant, peut-être trouverais-je des indices sur qui j'étais autrefois... Nous nous dîmes donc au revoir le cinquième jour, au petit matin.

 

Durant toute une semaine, je vendis mes objets à diverses personnes dans les alentours de Blancherive. Je ne m'éloignais jamais trop, de peur de ne plus trouver un endroit où dormir ou manger. Bien sûr, je ne dormais pas tous les soirs dans des auberges. Celles-ci me coûtaient de l'argent et, même si c'était en petite quantité, je ne pouvais pas me le permettre. Au cours de cette semaine, j'appris des choses importantes sur le métier de marchand. Je ne pouvais de toute façon pas devenir une experte en forge, alchimie ou enchantement. Si je devais me spécialiser dans l'un d'eux, les créations que je devrais fabriquer seraient telles que je devrais m'y consacrer au maximum, et je n'aurais plus de temps pour vendre. Secondement, il m'était extrêmement difficile de trouver des matières premières ou des éléments pour construire mes objets à vendre. Evidemment, j'achetais parfois quelques objets à des personnes, afin de les aider et de les revendre par la suite, mais cela ne constituait pas la partie la plus importante de mes ressources. Non, je devais vendre les objets que je fabriquais moi-même, et pour cela, je devais trouver des matériaux. Les acheter eut été trop coûteux. Ainsi, au bout de cette première semaine en tant que marchande, je me mis à réfléchir à la ressource la plus abondante et donc la plus facilement récupérable. Les minerais étaient bien de trop lourds et difficilement extradables. Les enchantements nécessitaient des pierres spéciales que je ne savais pas créer, et j'en faisais donc rarement. Les ingrédients pour les potions étaient trouvables un peu partout dans Bordeciel. Les ingrédients les plus rares ne m'intéressant pas, je n'avais pas à pousser très loin pour trouver ce qu'il me fallait. Mais il y avait une autre source de matériaux, et pas que, qui pouvait m'intéresser. Très abondante, en constant renouvellement. Les animaux. Je pouvais chasser ! Récupérer leurs peaux, les manger pour ne plus acheter de nourriture, et les griffes de certains animaux étaient des ingrédients pour l'alchimie. C'était la plus belle opportunité que j'avais ! Le seul problème... Etait que je devais me mettre à l'arc. Je ne savais pas vraiment si j'étais douée ou non. Mais utiliser ma magie était hors de question. Les flammes brûleraient les peaux des bêtes et carboniserait leur chair. Je ne pouvais donc pas me permettre de l'utiliser. Un couteau ou une épée aurait été inutile, car je devrais être proche de ma proie, mais celles-ci se sauveront sûrement. Oui, définitivement, l'arc me semblait une bonne idée. Fort heureusement, j'avais gardé quelques équipements appartenant à des bandits, dont des arcs et des flèches. J'en mis donc un de côté pour moi, et la même chose avec les flèches.

 

Je parcourus un bout de chemin sans vendre ni récupérer d'ingrédients pour finalement arriver dans un endroit désert, près des montagnes. C'était bien entendu intentionnel. Je devais d'abord connaitre mes aptitudes à la chasse. Je posais une pomme sur un rocher, m'éloignais de celui-ci et bandais mon arc. Ma posture semblait bonne. Mon dos était bien droit, ce qui ne pouvait pas être mauvais, j'avais tendu assez bien la corde alors que cela semblait plutôt difficile... Ma main s'était posée toute seule sur l'arc pour tenir la flèche. Je supposais donc que j'en avais déjà fait. Et pas qu'un peu, car mon corps s'en souvenait. Je visais la pomme. Ne savant pas trop comment m'y prendre, je fermais un oeil pour viser plus précisément avec l'autre. Puis, je lâchais la corde. La flèche fila droit vers la cible... Mais la manqua. Le tir était visiblement bon, mais la visée l'était beaucoup moins. Je déduisis que cela suffirait pour chasser. Après tout, un cerf ou un loup était bien plus gros qu'une pomme, et je ne m'attendais pas à les abattre d'une flèche. Je mis donc un carquois sur mon dos, l'arc au même endroit, et partit chasser un peu.

 

Mes premières proies furent des loups. Agressifs, ils s'approchaient doucement pour pouvoir goûter ma chair, et était donc assez facile à toucher. Même si je les ratais la plupart du temps et que je ne faisais que les blesser pour le reste, j'arrivais à en tuer une demie-dizaine à la fin de la journée. Mais cela ne me suffisait pas. Je ne pouvais pas SEULEMENT tuer des loups. Il me fallait autre chose... Comme un élan. Les provisions que fourniraient un élan seraient gigantesques pour moi. De la viande à foison, de grandes peaux qui pourraient servir à pas mal d'objets... Réellement, si je pouvais tuer des élans, cela serait un grand avantage pour moi. Je me mis donc en chasse, et trouvait un troupeau en à peu près une heure. Je me cachais dans les fourrés. Il ne fallait pas qu'ils me voient, ne me sentent ou même ne m'entendent. Je devais être la plus discrète possible. La tactique à adopter était clairement différente d'avec les loups. Heureusement, il n'y avait pas de vent, et mon odeur ne pouvait donc pas être portée vers eux. Je bandais mon arc et me relevais doucement. Penchée pour ne pas être totalement debout, je visais l'un d'eux. Le tuer d'un seul coup me serait impossible, bien évidemment. Mais si je pouvais toucher au moins l'une de ses pattes pour le ralentir dans sa fuite... Je visais légèrement au-dessus de la patte, au niveau du torse. Je lâchais la flèche. Elle fila droit vers la patte et se planta dedans. Touché. Les animaux se dispersèrent, tandis que ma cible boitait pour s'échapper. Malgré son handicap, l'élan était toujours plus rapide que moi. Je dus courir pendant de longues minutes avant qu'il ne s'épuise. Il se coucha sur le sol, perdant du sang chaque seconde. Je n'eus qu'à m'approcher pour l'achever avec mon couteau à dépecer. Mon coeur se serra. Tuer une proie ainsi était autre chose que d'en tuer une qui était agressive. Je l'achevais tout de même et récupérait une partie de sa peau ainsi que de la viande. Le reste servirait au charognard. Alors que je me relevais, un homme sortit des fourrés. Dernièrement, beaucoup de personnes apparaissaient de nulle part. L'homme tendit les bras en avançant doucement.

 

— Et bien ! Quelle chasse ! Cela a duré un peu trop de temps, mais je dois avouer que vous savez persévérer !

 

J'enflammais mes mains et tendit le doigt vers lui.

 

— Si vous venez récupérer ce que j'ai prit, n'essayez même pas de faire un pas de plus.

 

— Allons, allons, fit l'homme en souriant, si j'avais réellement voulu de la peau ou de la viande, j'aurais juste récupérer le surplus que vous avez laissé. Non, ce qui m'intéresse, c'est vous.

 

Je me mis en garde, encore plus méfiante.

 

— Excusez-moi, ma phrase était un peu ambiguë. Laissez-moi m'expliquer. Je suis un chasseur, tout comme vous, et j'aimerais créer une Guilde. Le fait est que je cherche donc des personnes semblables qui me suivraient volontiers. Bien évidemment, je suis professionnel et j'ai les moyens. Si vous me rejoignez, vous n'aurez qu'à contribuer sur ce que vous récupérez, et nous vous donnerons de l'équipement ainsi que des missions.

 

— Tout cela me semble bien confus.

 

— Et bien, je dois avouer que je débute autant dans la construction d'une guilde que j'excelle dans mon métier. Mais si jamais vous acceptiez de me rejoindre, passez me voir au Chasseur Ivre à Blancherive. Néanmoins, il y a une chose qui me dérange... Êtes-vous mage ?

 

Je le dévisageais un moment, puis éteignais mes flammes.

 

— Je n'en sais trop rien. Le fait est que... J'ai perdu la mémoire.

 

J'avais toujours du mal à évoquer cela. Paradoxalement, mon amnésie me ramenait des souvenirs que j'aurais voulu oublier avec le reste.

 

— Oh, je vois, répondit l'homme. Une situation bien difficile. Ceci dit, vous m'avez l'air relativement à l'aise à l'arc. Non pas que vous soyez une experte, mais vous avez de bonnes bases. Passez au Chasseur Ivre.

 

— J'y réfléchirais, répondis-je seulement.

 

L'homme me salua de la main et s'en alla. Cette proposition était assez alléchante à vrai dire. Cela m'aiderait beaucoup dans ma situation de marchand. Tout se combinait à merveille, aussi fis-je un tour le lendemain matin. Là, l'homme m'accueillit chaleureusement et me donna ma première quête. Je devais inspecter un endroit censé abriter un loup particulièrement dangereux. Mais avant cela, je devais passer autre part. Je remontais vers Pondragon. Le voyage dura moins d'une journée, et fort heureusement, je pus vendre certaines choses sur le chemin. Enfin. J'avais mes mille orins. J'allais pouvoir en savoir plus sur mon passé. Tout du moins, c'était ce qui était prévu. Mais tout alla de travers.

 

Je n'eus même pas besoin d'entrer dans Pondragon pour savoir que ma dette était épongée. Cloué aux arches du pont, Sam gisait là, ensanglanté, crucifié. La scène était horrible. Il avait été visiblement défiguré avant d'être mis là. Beaucoup de ses os avaient été cassés. Et mon passé était mort avec lui. J'étais anéantie. Je fis demi-tour, dépitée. Je rejoignis l'endroit indiqué par le maitre de guilde très lentement. Je dus même faire un arrêt dans une auberge d'un petit village. Mon esprit était vide. Autant que mes souvenirs. Tout mon passé venait de voler en éclat. Jamais plus je ne retrouverais de traces de qui j'étais. Je retrouvais un petit peu de moral en arrivant à l'endroit indiqué, derrière Rivebois. Très vite, je trouvais un cadavre de chèvre, déchiqueté en petits morceaux, les os broyés. En effet, ce loup devait vraiment être dangereux... Des traces de sang montrait que le loup était remonté vers les montagnes. Malheureusement, le sang était séché et devais dater d'un moment. Je suivis tout de même la trace, mais la perdis rapidement. Non, le loup avait dû changer d'endroit... Néanmoins, l'endroit me rappelait vaguement quelque chose. Il me semblait... Familier. Intriguée, je continuais ma route, les yeux vers le ciel pour regarder la cime des arbres et le haut des montagnes. Je découvrais un nouvel endroit que je semblais pourtant connaitre par coeur. Je rejoignis une route pavée et la suivis, arrivant devant une grande porte en bois. Je me pétrifiais. Je savais qu'elle était cette porte, et surtout où elle était. Je m'approchais doucement. Soudain, j'entendis un grand bruit sourd et une énorme bête s'envola. Recouverte d'écailles, toute noire, elle s'envola au loin en rugissant. Un dragon ? J'ouvris la porte précipitamment. Un seul nom me vint à l'esprit. Helgen. Et un seul mot le suivit. Désolation. Toute la ville avait été rasée. Il ne restait que des cendres. Des bâtiments détruits. Même si le dragon venait de s'envoler, le massacre s'était produit il y avait un moment. Les pierres étaient froides. Plus rien ne brûlait. Des corps carbonisés gisaient sur le sol tandis que j'explorais, terrifiée, les ruines de la ville. Cet endroit m'était définitivement familier. Là, il y avait une maison. Ici, c'était une auberge. Et là, une tour. Si je ne me souvenais pas exactement de tout, j'avais encore des impressions, des sentiments qui revenaient. Mais impossible de dire si j'étais originaire d'ici. De dire si j'avais vécu ici. Si j'avais une famille. Rien. Juste quelques impressions qui me faisait dire quels endroits j'appréciais ou non. Impossible de me rappeler autre chose. Et pourtant, c'était déjà beaucoup trop. Je me sentais mélancolique. Triste. Des larmes coulèrent silencieusement sur mes joues. Pourtant, je n'en ressentais pas l'envie. Elles coulaient toutes seules. Mon corps pleurait, mais mon esprit ne comprenait pas pourquoi. Je les essuyais et repris ma route. Je devais faire mon rapport au maitre de guilde.

 

Celui-ci m'en redonna une, qui consistait à tuer des crabes géants qui perturbait la faune locale. Ce fut vite réglé, et il me donna une dernière quête.

 

— Afin de compléter ton inscription à la guilde, me dit-il, j'aimerais que tu me ramènes 10 peaux de loups, et 10 peaux d'élans.

 

Je me mis en route. Si l'objectif était simple, le réaliser l'était moins. Cela représentait tout de même une vingtaine de peaux. Les loups étaient certes faciles à tuer, mais les élans fuyaient et couraient réellement vite. La tâche serait ardue.

 

Comme prévu, j'acquis rapidement les 10 peaux de loups. Je préparais un stock de flèches et prépara ma stratégie. Si je ne faisais que blesser et poursuivre mes proies, cela allait prendre un sacré bout de temps. Il me fallait autre chose. La solution me vint assez rapidement. Il restait à la mettre en place. Je trouvais un élan éloigné du groupe et me mit à courir vers lui en hurlant. Comme prévu, il prit peur et s'enfuit. Je le poursuivis un moment en hurlant. Mais je ne faisais pas que courir derrière lui. Je le dirigeais vers un endroit qui m'arrangeait. En effet, je l'emmenais dans un cul de sac formé par la roche. Et il tomba dans le piège. Je n'eus plus qu'à bander mon arc et l'achever. Presque trop simple.

 

Je recommençais avec le reste de mes proies. Certains furent tout de même très difficile à appâter, mais la tâche ne me prit pas plus de trois jours. Pour une vingtaine de peaux, c'était extrêmement rapide. Je les rapportais au maitre de guilde, qui sourit en me voyant arriver.

 

— Et bien ! Ce fut rapide ! Comment as-tu fait ?

 

Je lui expliquais ma méthode et il se mit à rire.

 

— Il va vraiment falloir t'améliorer à l'arc ! Néanmoins, c'était malin, bien joué ! À présent, te voilà officiellement membre de la guilde des chasseurs ! Et la première, avec ça !

 

Je rougis. Sans savoir trop pourquoi, cela me rendait heureuse. Puis, le maitre de guilde me tendit un papier.

 

— Tiens. Ta première vraie mission. Si tu y arrives, ça sera un joli tour de force. Prends ton temps. Tu n'as pas de limite.

 

Je regardais le papier, intrigué. Ma première mission en tant que membre était... De tuer le légendaire Grand Cerf Blanc.

 

 

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Voilà la suite ! Pas de nouveau mod utilisé !

 

 

La brume devenait épaisse. Se transformant lentement en brouillard, elle s'était levée au fur et à mesure que j'avais avancé. Je ne distinguais plus rien. Je butais constamment sur des pierres, évitant les arbres de peu. Dans ce labyrinthe naturel, pas un bruit ne s'élevait. Le silence était pesant. Jusqu'au moment où j'arrivais à destination.

 

Cataclop.

 

Cataclop.

 

Ca courait. Vers moi.

 

Cataclop.

 

Ca se rapprochait de plus en plus vite.

 

Cataclop.

 

Ca passait au-dessus de moi. Je levais la tête, voyant tout au ralenti. Une ombre volait, juste au-dessus. Et elle atterrit sur le sol. Très vite, je bandais mon arc et tirais une flèche. Un bruit sourd se fit entendre, et ma flèche ricocha pour tomber sur le sol. L'ombre s'arrêta. Je sentais quelque chose fouler le sol, tandis que l'ombre faisait demi-tour. Au même moment, les premiers rayons du soleil montrèrent le bout de leur nez. La brume désépaissit sans pour autant disparaitre. Et devant moi apparut un cerf, majestueux, blanc des bois aux sabots. Ma flèche avait justement percuté l'un de ces bois, laissant une légère marque. Le cerf était un adulte, en pleine forme. Ses muscles étaient facilement discernables, même avec la brume. Mais malgré son état de cerf, ma proie n'était pas comme les autres. Non. Le cerf chargea.

 

 

Je déposais la carcasse sur le sol. Elberond se mit à rire.

 

— Tu l'as trainé jusqu'ici ? Ma foi, je dirais que c'est encore plus impressionnant que de le tuer !

 

Je m'asseyais sur une chaise, exténuée. J'avais trainé le corps jusque Blancherive, et cela m'avait pris une bonne journée. Sans ce poids mort, j'aurais mis deux heures. Les charognards avaient voulu m'attaquer des dizaines de fois, et porter un cerf de cette taille était épuisant. Malgré ce qu'il avait dit, Elberond me demanda comment j'avais procédé.

 

— Je n'eus pas à beaucoup le poursuivre. À vrai dire, j'ai même fui. Ce n'est pas un cerf qui se laisse faire. Quand j'ai commencé à l'attaquer, il s'est mis à me charger. J'ai même reçu un coup de sabot sur l'épaule.

 

Je lui montrais mon épaule, rouge, avec une marque parfaitement visible.

 

— Tout ce que j'ai eu à faire, c'était de me cacher pour lui décocher une flèche de temps en temps. Il s'est mis à perdre du sang en abondance et à ralentir. Je n'ai eu qu'à l'achever.

 

— Tu en parles comme si c'était une proie facile.

 

— Oh, ça non ! Il était encore plus dangereux que les loups ! Je n'avais qu'une trouille, c'était de me faire piétiner par ses sabots ou écraser par son poids ! Et j'ai dû bien le toucher une vingtaine de fois avant qu'il ne s'effondre ! Certes, la tactique à employer était moins complexe que pour d'autres proies, mais ne crois pas que ce fut facile ! J'y ai tout de même passé cinq heures !

 

Elberond sourit. Le maitre de guilde en herbe était visiblement fier de sa disciple. Et pourtant, je n'avais qu'une envie, c'était fuir cette guilde. J'avais eu la trouille de ma vie. Mais malgré cela, je me sentais bien. J'avais accompli quelque chose. La première chose dont je sois fière depuis que j'avais perdu la mémoire. Je ne sais pas qui j'étais avant, mais maintenant, j'étais une chasseuse. Sans m'en rendre compte, j'avais souri.

 

— Et pour continuer sur les bonnes nouvelles, je t'annonce que le Hall de Guilde, qui sera notre prochain QG, est en construction !

 

Je tournais la tête vers lui, perplexe.

 

— Dès qu'il sera fini, nous serons officiellement une guilde ! Grâce à notre travail, j'ai pu acquérir assez d'orins pour permettre cette construction !

 

— C'est super, Elberond ! Quand pourrons-nous nous installer ?

 

— Je ne sais pas encore, mais ça ne devrait pas prendre énormément de temps. J'ai fait en sorte que cela aille vite. J'y ai mis le prix, crois-moi ! Mais trêve de bavardages, ton enseignement n'est pas encore terminé ! Tu n'es pas encore une vraie chasseuse !

 

J'étirais mes bras tout en glissant dans ma chaise.

 

— Qu'est-ce que tu racontes ? J'ai tué le Grand Cerf Blanc, je ne vois pas vraiment pourquoi je ne serais pas une chasseuse. Avoue-le, tu as du mal à admettre que j'ai appris si vite !

 

— Ne sois pas si présomptueuse. Tu as certes accompli quelque chose de grand, mais manier un arc est à la portée de quiconque s'entraine suffisamment. Non, il te reste encore à apprendre l'art du dépeçage.

 

Je me relevais et regardais Elberond dans les yeux.

 

— Continue ?

 

Cela m'intéressait au plus haut point. Si je dépeçais correctement des bêtes, leur prix de vente n'en serait qu'amélioré. J'avais déjà dû céder des peaux à moitié prix car elles étaient abîmées. Maintenant, j'allais pouvoir me faire une jolie somme en les vendant. Car j'aimais certes chasser, mais j'étais toujours pauvre. Quand on y réfléchissait, je vivais toujours sur les chemins, à accomplir les quêtes de la guilde ou à vendre des objets pour une somme dérisoire. N'ayant plus aucune piste sur mon passé, il fallait bien que je fasse quelque chose. Et puis, me balader ainsi dans Bordeciel me ferait peut-être tomber par hasard sur quelque chose d'intéressant... Alors que je pensais à tout cela, Elberond avait continué sans que je l'écoute vraiment. Je réécoutais quand il dit :

 

— Il faut donc que tu amènes la carcasse entière. Tu as déjà ramené le Grand Cerf Blanc, alors un chevreuil ne devrait pas être trop dur pour toi. Ne t'inquiète pas, je te donnerais un kit pour les prochaines fois. Mais en attendant, tu vas devoir trainer ta première proie à dépecer jusqu'ici.

 

Je soupirais, déjà fatiguée. Je me levais, pris mon arc et repartis à la chasse. Même si mon allure n'en donnait pas l'impression, j'avais hâte. Très hâte. Tous mes projets commençaient enfin à s'imbriquer les uns dans les autres. Tuer le chevreuil fut facile. Ce n'était certainement pas mon premier, et ça n'allait pas être mon dernier. Le trainer fut, en revanche, plus difficile. Comme avec ma proie précédente, les charognards me poursuivirent presque jusqu'à la porte de Blancherive. Là, les gardes m'aidèrent à me débarrasser d'eux, et même à porter ma proie jusqu'au Chasseur Ivre. Elberond les remercia en leur offrant de quoi se payer une bouteille d'hydromel, puis me fit le suivre dans la guilde provisoire. Il me montra une table tâchée de sang séché.

 

— Le plus dur est devant toi, me dit-il. Je vais t'apprendre à correctement dépecer ce chevreuil. Tu pourras utiliser la peau de diverses façons, mais sache qu'une peau proprement découpée crée du cuir d'excellente qualité. Souviens-t'en, ça te sera très utile.

 

J'écoutais donc attentivement. Il me montra comment prendre mon couteau, où commencer l'entaille et comment découper correctement. Alors que je m'attendais à un travail lent et minutieux, Elberond tira d'un coup sec, ouvrant le ventre de la pauvre bête en deux. Il n'eut plus qu'à tirer la peau pour qu'elle se détache presque toute seule. Quand il eut fini, il me montra la peau. Un peu tâchée de sang, elle était pourtant magnifique. On reconnaissait le coup de main d'un pro.

 

— Voilà. Il n'y a plus qu'à la laver correctement, mais ça, je m'en occuperais. Tu as vu la méthode, à toi de t'entrainer.

 

Au même moment, on frappa à la porte. Elberond fronça les sourcils. Il était vrai que peu de monde passait nous voir, et si la personne voulait s'inscrire, elle serait rentrée directement. Bref, tout cela n'annonçait rien de bon.

 

En ouvrant la porte, le chambellan de Blancherive apparut. Il était visiblement confus, et dit d'une voix peu assurée :

 

— E-Elberond, j'ai une mauvaise nouvelle. Votre construction de guilde sur les terres de la châtellerie n'a pas d'autorisation. Je me vois dans l'obligation de vous forcer à arrêter cette construction.

 

Elberond ne sourcilla pas. Il invita le chambellan à entrer et referma la porte derrière lui.

 

— Est-ce ainsi ? Que me faudrait-il pour valider cette construction ?

 

— C'est un peu particulier... Une guilde doit valider ses activités auprès du jarl, donc... Je vais devoir vous demander de régler quelques affaires pour nous.

 

— J'entends bien, approuva Elberond. Je suis moi-même en train de former une disciple. Layah, viens là.

 

Je m'approchais, restant distante du chambellan. Pour une raison que j'ignorais, cet homme ne m'inspirait pas confiance. Tout mon être le rejetait, mon corps m'obéissait à peine quand je le regardais. Elberond poursuivit.

 

— Pourquoi ne pas lui confier ces quêtes ? Ainsi, vous pourriez voir nos talents, et nous obtiendrions notre autorisation.

 

Le chambellan acquiesça de la tête, puis me regarda.

 

— Tout d'abord, nous avons un énorme problème de Ragnards dans les catacombes. Veuillez y remédier, puis rejoignez-moi à Fort Dragon.

 

Sans même attendre une réponse, il quitta la guilde précipitamment. Je me retournais vers Elberond.

 

— Vous n'aviez pas d'autorisation ? Est-ce que tout ce que j'ai fait était illégal ?!?

 

Il s'assit doucement, sans laisser apparaitre aucune autre émotion que de la tranquillité.

 

— Layah, m'accuser ainsi est très grave. Toutes les guildes ont commencé ainsi. Nous n'avons pas braconné, pas vrai ? Nous sommes en toute légalité. Seulement, une fois que les actions de la guilde se concrétise, nous devons nous déclarer en tant que telle, et la châtellerie touchera un certain pourcentage et réglementera nos activités un peu plus durement. Cela ne veut bien évidemment pas dire que nous aurons moins de liberté. Ce sont juste des mesures préventives. Pour tout te dire, je voulais régler tout cela après la construction du Hall principal, mais bon... Le destin décide de nos vies. Tu n'as qu'à t'occuper de tout cela rapidement, et nous pourrons finir notre guilde plus vite.

 

Je m'avançais vers lui, pas vraiment calmée.

 

— Et vous ? Qu'est-ce que vous allez faire ? Rester ici pendant que je me coltine les tâches ingrates ?

 

Il me regarda dans les yeux, un ton plus dur sur le visage. Je venais visiblement de l'énerver.

 

— Je comprends comment tu te sens Layah, mais devenir injuste ne règlera rien. Crois-tu que cela m'amuse de rester ici, coincé dans cette pièce tandis que tu cours dans la nature, à exercer ce qui me passionne ? Un maitre de guilde a d'autres obligations malheureusement. Et ce qui me pousse à continuer est ce visage que tu affiches à chaque quête que tu achèves, chaque chose que tu apprends. Cette passion dévorante que tu as pour la chasse, et qui fait que tu continues et en veux toujours plus. C'est cela qui m'aide à continuer, à espérer que nous aurons d'autres membres. Alors sois gentille, occupe-toi de ce que je t'ai demandé, et laisse-moi régler mes affaires.

 

J'étais honteuse. Je venais d'être horrible avec lui alors qu'il ne cherchait qu'à m'aider. Je courus dehors. Je ne pouvais plus rester dans la même pièce que lui tellement j'étais gênée. Je fis même le tour de Blancherive en courant pour me calmer et oublier cet évènement avant de me diriger vers les catacombes.

 

J'ouvris la porte en bois, et aussitôt, des Ragnards s'en échappèrent. Une petite dizaine, gros comme mes pieds. Un problème de Ragnards, hein ? Je pénétrais doucement dans le bâtiment. Tout était très calme, et j'avais l'impression que quelqu'un me gronderait si je faisais un pas trop bruyamment. Néanmoins, j'étais ici en mission, aussi bandais-je mon arc. Devant moi, il y avait la porte qui menait aux cadavres. Sur les côtés, deux autres pièces, dont l'une à gauche qui avait une autre porte. Derrière celle-ci, j'entendais du bruit. Ou plutôt, un bazar monstre. Quelque chose cognait contre les murs et renversait des objets. Toujours silencieusement et lentement, je me dirigeais vers la porte et l'entrouvrais. Je faillis crier de peur. La pièce était en réalité une cuisine, et à l'intérieur, un Ragnard haut comme une table et gros comme un petit veau se baladait. Il était tellement énorme qu'il cognait contre la table, les étagères, les murs... Néanmoins, celui-ci dût me sentir car il se retourna vivement, véritable prouesse vu la taille de son corps et de la pièce, et se précipita sur moi. Je refermais la porte et reculais pour viser. La porte vola en éclat. Légèrement assomé, le Ragnard sortit en titubant. J'en profitais pour lui décocher une flèche dans le flanc. J'en pris une autre et recommençais à le viser. Il reprit ses esprits et sauta. Vivement, je lui tirais une flèche dans le ventre et esquivais de justesse. J'eus de la chance, car vu son corps, il m'aurait probablement écrasée. Je fis une roulade et me relevais. Le Ragnard me poursuivit dans les pièces. Il renversait les tables, les chaises, les vases... Tandis que je continuais de le cribler de flèches. Bientôt plus proche du porc-épic que du rat, il commença à ralentir. Ce fut ma chance. Je me mis debout sur un banc et encochais une nouvelle flèche, que je tirais. Elle fila droit vers la tête de l'immonde bestiole, qui s'écroula. Au même moment, un prêtre rentra dans la salle, et fit une tête horrifiée en voyant le désordre. Je lui tapais sur l'épaule et fis :

 

— Envoyez la facture au chambellan.

 

Je sortais des catacombes, des frissons sur tout le corps. Les Ragnards n'était déjà pas très beau quand ils étaient petits, mais avec une taille pareille, ils étaient sûrement encore plus dangereux que des loups. Je me dirigeais donc vers Fort Dragon pour connaitre la suite du programme. À peine fus-je rentrée que le chambellan se précipita vers moi. Derrière lui, j'aperçus le jarl qui discutait avec des personnes en armure.

 

— Ne parlez pas trop fort ! me fit le chambellan. Le jarl est en pleine discussion. Vous vous êtes-vous occupée des Ragnards ?

 

— D'un seul en particulier, répondis-je en chuchotant. Mais un énorme. Quelle sera ma prochaine mission ?

 

— Les quêtes d'approbation de guilde ne sont pas bien dures, aussi la prochaine sera la dernière. Amenez-moi 10 venaisons de cerf de la meilleure qualité. Je veux voir ce que votre guilde propose de mieux.

 

— C'est tout ? Commencez à écrire l'autorisation dans ce cas.

 

Je me remis en route. Seulement 10 venaisons ? Un vrai jeu d'enfant. Je passais juste par la guilde, sans adresser un mot à Elberond qui parut ne même pas me voir, pour prendre un plus grand sac, puis je me mis de nouveau en chasse. Cela me prit tout de même deux jours. La première journée ayant été bien entamée par les premières quêtes, je dus faire une pause dans une grotte quand la nuit tomba, afin de dormir. Je taillais des pieux en bois pour m'en fait une barricade, et laissait le feu allumé. La plupart des prédateurs nocturnes l'avait en horreur, et les venaisons devaient être protégées. Le lendemain, il ne me resta qu'à trouver le reste de ce qu'il me manquait. Evidemment, j'utilisais la méthode d'Elberond. Les peaux que je ramassais ainsi étaient magnifiques. Non pas que j'avais le niveau du chasseur, mais elles étaient tout de même bien plus jolies qu'avant. En faisant cela, j'avais aussi pu mieux choisir mes morceaux afin de ne prendre que le meilleur.

 

Quand je ramenais les venaisons au chambellan, les posant bruyamment sur la grande table dans le hall, il fit une moue surprise et s'empressa de venir me voir.

 

— D-Déjà ? Ce fut rapide ! Sont-ce les meilleurs morceaux ?

 

— Je suis chasseuse, pas charcutière. S'ils ne vous plaisent pas, vous n'aurez qu'à me redemander. Néanmoins, je vous assure que ce ne sont pas de mauvais morceaux pour autant.

 

Le chambellan ne parut pas très satisfait et ordonna au cuisinier dans préparer une sur le champ. Celui-ci s'exécuta et quelques minutes plus tard, la viande fumante fut enlevée de la broche. On la posa sur la table, et chacun des membres de la cour la goûta. Tous parurent agréablement surpris. Le chambellan soupira et fit :

 

— Bien, vous avez mérité votre autorisation. Mais la prochaine fois, soyez un peu plus courtois.

 

Je fis une courbette ridicule et prit le papier pour le ramener rapidement à Elberond. Toute joyeuse, j'avais même oublié la honte que j'avais eu la veille. Il me félicita en riant.

 

— C'est très bien ! Je savais que je faisais le bon choix ! À présent, nous sommes dans une sorte de pause. Tu connais ce qu'il faut connaitre pour le moment, et nous n'avons pas de quête particulière. Aussi, je te propose d'effectuer des petits boulots.

 

Il me tendit un parchemin sur lequel était inscrit une requête de la part de la forgeronne.

 

— On nous demande 4 peaux de renard. Du pipi de chat pour toi.

 

Je souris. Ma honte était partie d'elle-même.

 

— Tu m'étonnes !

 

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Et bien, ça me fait plaisir de lire ça ! Well, pour le Cerf, je n'y peux rien ^^" Si ça peut te rassurer, l'auteur du mod n'a pas rajouté d'autres Animaux Légendaires pour l'instant, donc... :3 Y'aura pas d'autres moments comme ça. Ou pas avant un bail.

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  • 2 weeks later...

Bonjour à tous ! J'ai moins eu le temps de jouer, mais voilà la suite ! J'espère que ça vous plaira !

 

 

Je donnais les peaux à la forgeronne.

 

— Merci bien, ça va beaucoup m'aider. Et elles sont de très bonne qualité... Voilà votre récompense !

 

Je saisis la petite bourse de cuir que la forgeronne m'envoya, la saluais, traversais la rue et rentrais à la guilde. En me voyant arriver, Elberond me fit un accueil chaleureux. Après avoir partagé un modeste diner, il me montra du doigt un tableau d'affichage. Intriguée, je demandais :

 

— Qu'est-ce que c'est ?

 

— Cela ne se voit pas ? Un tableau--

 

— Non, je voulais dire, qu'est-ce qu'il a de spécial ?

 

— Et bien, tu n'as qu'à y jeter un oeil par toi-même.

 

Je me levais et alla regarder l'un des papiers qui y était accroché. Celui-ci représentait vaguement une pièce avec une cheminée. Un prix était affiché en dessous. Toujours dans le brouillard, je levais un sourcil et regardais Elberond.

 

— Ce sont des améliorations pour la guilde, précisa-t-il. Si tu travailles assez, que tu nous ramènes d'autres membres et que tu participes à la somme, nous pourrons installer diverses choses dans la guilde actuelle. Nous verrons plus tard pour le Hall. Quand il sera fini, par exemple.

 

— C'est vrai ? Nous allons pouvoir meubler la guilde ? demandais-je, ravie, tout en observant la pièce vide tout autour de moi.

 

— L'agrandir même. Rassure-toi, cette fois, j'ai les autorisations. Il ne manque plus que les sous !

 

Je rougis un peu en repensant à ce que je lui avais dit, et je saisis l'un des papiers.

 

— Bon. Je suppose que je vais devoir m'y mettre de suite !

 

 

 

Un mois était passé. Je n'avais pas chômé. J'avais réussi à convaincre une autre personne de rejoindre la guilde, et nous avions payé toutes les améliorations. Elberond m'avait même donné une armure en cuir de la guilde. Elle m'allait comme un gant, et était très pratique pour chasser. Le Maitre de guilde avait vraiment pensé à tout. Le nouveau de la guilde décida de s'occuper d'une petite échoppe pour les membres. Aussi lui appris-je rapidement le métier. Elberond fut surpris de me voir aussi talentueuse dans l'art du marchandage, mais il s'en ravit plutôt qu'autre chose. Tous les trois dans notre petite guilde, nous nous amusions bien. Je me sentais comme dans un rêve. Mais tôt ou tard, la réalité nous rattrape. Mon passé ressurgit sans que je ne voie rien venir.

 

Un matin, Elberond m'envoya livrer des peaux à Fortdhiver, plus précisément à l'Académie des Mages.

 

— Tu as quelques pouvoirs magiques, n'est-ce pas ? Tu devrais être bien vue ! plaisanta-t-il.

 

Je me mis en route dès que je pus, et j'arrivais à destination en une journée et demie de marche. En arrivant là-bas, la neige s'était soudainement mise à tomber. Un blizzard s'était rapidement formé. J'arrivais frigorifiée à Fortdhiver. C'était une toute petite ville, avec des bâtiments ensevelis sous la neige, le tout surplombé par l'Académie. Je me dirigeais vers une sorte de long chemin de pierre. Je faillis glisser maintes fois, et arrivais enfin à la grille. Je la secouais violemment pour me faire entendre. Je dus hurler plusieurs fois ce que je venais faire avant que quelqu'un n'arrive et ne m'ouvre. La personne me saisit le bras vigoureusement en s'écriant :

 

— Layah ! C'est bien toi ? Merveilleux !

 

Puis, elle me traina plus qu'elle ne m'accompagna jusqu'au Hall de l'Académie, où un gigantesque orbe lumineux flottait en l'air. À peine eut-elle refermé la porte que la pièce se réchauffa d'elle-même. Je me réchauffais moi-même, tandis que la personne qui m'avait ouvert disparut derrière une porte pour revenir avec un groupe de personnes excitées comme des puces. Un vieil homme se dirigea vers moi et écarta les bras.

 

— Layah ! Enfin ! J'avais perdu espoir !

 

Il m'enlaça violemment et me serra si fort que je crus que mes côtes allaient exploser. Je le repoussais aussitôt, et m'éloignais.

 

— Hola, du calme vous tous ! Je peux savoir ce que c'est que cet accueil ? Je suis juste là pour livrer des peaux !

 

— Des peaux ? s'étonna le vieil homme. Oh, les peaux, oui ! Mais, comment cela se fait-il que ce soit toi qui nous les amène ?

 

— Vous demandez pourquoi un membre de la guilde des chasseurs vous amène des peaux ?

 

Un silence de plomb s'installa. Mes employeurs se regardèrent un moment. Puis, le vieil homme me posa une main sur l'épaule.

 

— Layah... Tu sais qui nous sommes, pas vrai ?

 

— Absolument pas, répondis-je sèchement. Vous les voulez vos peaux, oui ou non ? Je dois rentrer à la guilde.

 

— Layah... Tu es dans ta guilde. Tu es une membre haut placée de l'Académie des mages.

 

Je restais bouche bée. Ces gens... Me connaissaient ? J'étais réellement une mage ? Je faillis tomber à la renverse, et un Argonien me rattrapa de justesse.

 

— Je... Je ne sais pas...

 

Le vieil homme donna une série d'instructions, puis m'amena jusqu'à ce qui semblait être ses quartiers. Là, on me donna une couverture pour me réchauffer ainsi qu'une tasse de lait chaud. Le vieillard s'assit en face de moi et fit :

 

— Bien. Tu es visiblement victime d'une amnésie, pas vrai ?

 

J'acquiesçais doucement de la tête.

 

— Je vois... De quoi est-ce que tu te souviens exactement ?

 

— De pas grand-chose... Juste de mon nom, Layah Senjo, et...

 

Je tremblais. Non pas à cause du froid, mais parce que les seules images qui me revenaient en tête était...

 

— Et que... Je fus violée, avant d'être abandonnée... P-Par des soldats...

 

— Des soldats de l'Empire ?

 

— O-Oui...

 

Le vieillard se redressa. Il se leva même complètement, fit quelques pas, puis me regarda droit dans les yeux.

 

— Je... Je suis désolé de te le dire, Layah, mais tu n'as aucunement été violée...

 

Ca, c'était la meilleure. Furieuse, choquée et blessée, je me relevais brusquement, laissant tomber ma tasse sur le sol.

 

— Comment ça, je n'ai pas été violée ? Qu'est-ce que vous en savez ?!? C'est... C'est déjà assez dur pour moi d'en parler, et vous... Vous...

 

— Excuse-moi, Layah, excuse-moi, ce n'est pas vraiment ce que j'ai voulu dire... Le fait est que... Je t'ai vu partir avec les soldats de l'Empire. Tu les as même dirigés vers tes appartements... Ils étaient une bonne quinzaine, et tu... Enfin... Tu as fait certaines choses...

 

Je n'en croyais pas mes oreilles. Doucement, je me rassis tout en tremblant de tous mes membres. Le vieil homme s'approcha de moi et me frotta les épaules me réchauffer. Je demandais fébrilement :

 

— Et... Et ensuite ?

 

— Ensuite ? Tu es partie à la guerre. C'était ce pour quoi l'Empire t'avait envoyé une garnison de soldats. Et depuis, plus de nouvelles.

 

Je regardais le sol. Je ne comprenais plus rien. Même mes derniers souvenirs étaient des mensonges ? Seul mon nom était donc la véritable chose dont je me souvenais. Malgré le choc que j'avais, je demandais :

 

— R-Racontez-moi tout, s'il vous plait... J'aimerais... J'aimerais savoir quel genre de femme j'étais... Et ce que j'allais faire...

 

Elberond me regarda dans les yeux. Je lus une sincère sympathie dans son regard. Il inspira profondément et me raconta.

 

Layah Senjo, la tristement célèbre mage de l'Académie. C'était ainsi que j'étais connue. D'une cruauté sans égale, j'étais spécialiste des sorts de destruction. J'avais déjà rasé un village entier, seule, sous l'ordre de l'Empire. Je n'étais pas réellement une honte pour l'Académie, mais les membres essayaient tout de même de modérer mes actes, en vain. Experte en torture, sadique et vicieuse sur le champ de bataille, j'avais tué nombres d'hommes et de femmes, parfois innocents. Et je ne maitrisais pas seulement la magie, mais aussi l'arc. Connue pour pouvoir toucher une cible à plus d'un kilomètre avec une précision qu'on qualifiait d'inhumaine. Mais je n'étais pas qu'une guerrière. J'étais aussi une femme. Une femme aux envies insatiables, qui changeait de partenaire tous les jours, et en avait plusieurs à la fois régulièrement. Avant que je disparaisse, des rumeurs couraient comme quoi l'Empereur allait me prendre comme maitresse. Car je ne donnais pas mon corps pour la gratuité de la chose, ou tout du moins, pas tout le temps. Selon l'homme de l'Académie, j'avais souvent usé de mes charmes pour arriver à mes fins, souvent politiques. J'avais des relations haut placées, ainsi qu'une place réservée dans une châtellerie si un jarl venait à mourir. J'étais extrêmement influente, et mes désirs, aussi futiles soient-ils, étaient très souvent comblés.

 

En apprenant cela, je faillis m'évanouir plusieurs fois. Le vieil homme m'avait annoncé tout cela très doucement, faisant souvent de longues pauses pour me laisser digérer ce flot d'informations. Quand il eut fini, j'avais les larmes aux yeux. Je ne pouvais pas y croire. J'étais une meurtrière. Une psychopathe, doublée d'une catin. Moi qui croyais être une martyre, j'étais en réalité celle qui avait provoqué tout cela. Mais même cela n'expliquait pas tout. Ca ne me disait pas pourquoi j'étais si méfiante envers le chambellan de Blancherive. Pourquoi est-ce que ma mémoire avait été altérée à ce point. J'inspirais longuement avant de soupirer. Je me décontractais. Je n'y pouvais rien. Je ne pouvais plus changer le passé. Mais je pouvais devenir quelqu'un d'autre. La voix encore tremblante, je demandais :

 

— Merci... Pourriez-vous... M'expliquer pourquoi l'on m'avait engagée ? Pourquoi devais-je... Partir à la guerre ?

 

Le vieil homme réfléchit une seconde et dit :

 

— Je ne sais pas vraiment. Tu n'étais pas très bavarde, Layah, et tu passais peu de temps à l'Académie. Mais... Je pense que tu avais découvert quelque chose. Quelque chose qui te terrifiait.

 

— Comment savez-vous cela ?

 

— Et bien, la veille de ton départ, tu es venue me voir... Tu t'es assise à côté de moi, en silence, et tu m'as dit... "Finalement, la vie est bien fragile. Moi qui en ai pris des centaines, je pensais que la mienne était imprenable... J'avais tort, Tolfdir. Il y a toujours quelque chose ou quelqu'un qui nous sera supérieur. Et je ne le comprends que maintenant." Puis, tu t'es levée... Tu avais d'abord l'air triste, mais tu as vite repris cet air arrogant que tu avais d'habitude, et tu as dit : "Si je dois mourir demain, autant que je profite de tous ces petits soldats en bas". Venant de toi, tout cela était étrange... Voilà pourquoi je pense que tu avais découvert quelque chose.

 

Je restais muette. Tout cela était trop confus... Mais au moins, j'avais une piste. Je savais qui j'étais, même si je me dégoûtais moi-même. J'étais partagée entre deux sentiments. L'espoir et le choc. Je me levais doucement, et fit :

 

— Merci, euh... Tolfdir. Je ne sais pas quel genre de relations j'avais avec vous, mais... Vous êtes un homme bon. Je vais rester ici un moment, si vous le voulez bien.

 

— Ca ne nous dérangerait pas, bien au contraire, mais... Et ton autre guilde ?

 

— J'enverrais un pigeon à mon maitre de guilde. Il comprendra. C'est un homme intelligent et sensé.

 

Tolfdir acquiesça doucement, puis me montra mon ancienne chambre. Je logeais avec les autres élèves. Tout le monde dormait dans une petite pièce sans porte. À l'idée de savoir que n'importe qui ait pu me voir faire "des choses" me fit rougir de honte. Je m'allongeais doucement sur mon lit et m'endormait comme une masse.

 

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