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[Divers] Paroles sur la colère


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Paroles sur la colère

De retour de mon séjour au temple du Dieu de la guerre, pour faire le tri dans diverses émotions confuses et dangereuses, je souhaite partager avec vous ce qu'il en est ressorti. Bien évidemment l'expression de l'idée est toujours assujettie à mes lacunes de formulation et à un zèle parfois mal placé. Que ce soit sur la forme ou le fond, vous pouvez éventrer tout cela gaiement, profitez-en : à la sortie de ce temple je ne peux que me réjouir de voir les lames fendre les idées sans quitter l'humilité du disciple que j'aspire à devenir, ou tout simplement enrichir mon témoignage de vos expériences et des leçons que vous avez égrainé. Bien sur cette ligne de conduite me concerne, libre à vous et entre vous de l'observer ou non. Ce n'est pas un dojo au sens strict du terme.

 

 

 

 

 

Cette réalité est écœurante. L'homme s'agite, se débat au milieu des cadavres et de ses propres excréments.Combien pouvons-nous dénombrer de raisons de plonger dans des sentiments tenaces de tristesse et de colère ? Au regard de la puissance et du caractère corrosif de cette combinaison émotionnelle, chacun gère au mieux. Cette gestion est conditionnée par notre familiarité avec ces sentiments et le sens que nous leur donnons dans notre vie quotidienne. Nous fermons les yeux un temps, nous nous rappelons que la grâce existe, pensant aux personnes créatrices de richesses humaines, pour ensuite rouvrir les yeux : le spectacle donne la nausée, l'écœurement laisse place à la colère et la colère qui ne trouve pas de moyen d'action se transforme en haine : une fleur magnifique qui fane extrêmement vite et qui devient rapidement toxique (vive le recyclage…).

 

Souvenons-nous d'un moment où, saisis par l'injustice d'une situation ou le caractère insupportable d'un discours pour nos valeurs, une puissante émotion nous envahie : une épaisse colère inonde notre cœur et notre esprit. Tout notre être peut alors se tendre vers l'action qui mettra un terme à cette situation, notre cœur donne une voix à notre vision dont l'acuité tressaille sensiblement pour trancher la logique de pensées et de comportements étant à l'origine de la situation. Nous pouvons d'ailleurs prendre certaines réactions pour du courage alors qu'il peut s'agir d'une expression de colère. En revanche, le courage peut se trouver dans le fait d'exprimer cette colère pour certaines personnes inhibant totalement leurs sentiments, avoir le courage de s'attaquer à nos lacunes d'expression, de commencer l'entrainement ou plus simplement de le reprendre. La peur, la fatigue inhibent tout : la pensée, l'émotion, l'action.

 

Toute personne ayant connu des événements de vie suffisamment saillants, faisant naître un sentiment de colère d'une rare intensité, aux limites du supportable, a connu l'angoisse qui l'accompagne : la peur de perdre pied, d'être submergé. Ce n'est rien d'autre que l'expression de la faiblesse de notre esprit face à notre sentiment, l'expression de notre méconnaissance, de notre inexpérience. Seul le développement de l'esprit permet l'expression de l'émotion, son développement et son existence en société. Pour l'émotion le sens et les capacités de communication sont l'alpha et l'oméga. Un sentiment de colère qui perd son sens, ne pouvant être exprimé ou traduit dans l'action, entraîne inévitablement un pourrissement, se transformant alors en une haine diffuse, laide et inutile.

 

Pour certaines traditions où la colère n'est pas perçut comme l'expression d'une frustration d'un enfant capricieux, il existe une éducation sentimentale. Cet aspect est évoqué à travers le développement de la volonté humaine et la quête de puissance,sans connotation morale. Plus précisément, à ce moment on ne se soucie pas de savoir si l'objet de notre volonté est suffisamment respectable pour justifier la mobilisation de toutes nos ressources. La question morale ne se pose pas réellement pour une simple raison : nos émotions, notre volonté ont besoins de sens pour grandir. Lorsque la colère est le moteur principal, deux voies peuvent se dessiner.

 

 

 

La première est un cri de survie, celui de l'animal qui criera aussi fort qu'il se sent menacé, aussi fort qu'il veut s'imposer. En trois mots, il s'agit de la voie du démon.Personne ne se préoccupe de faire entendre raison à une telle personne. D'une part car on devine que c'est peine perdue et d'autre part parce que l'on sait que ceci entraîne à terme la destruction de l'individu. Clairement,l'erreur se corrige d'elle-même. Le sens est simple, étriqué, ce qui souligne que la quête de puissance se confond alors avec la quête de sens, pour fusionner et ne faire qu'une.

 

La seconde s'articule autour de l'amour et du développement de notre esprit, de notre sensibilité.Pour faire simple, Plus nous côtoyons l'amour dans sa manifestation la plus pure, celle qui fait naître le souhait que la personne aimée soit tout simplement heureuse sans arrières pensées personnelles, plus notre colère à l'égard de ce qui va à l'encontre de sentiments aussi nobles est virulente. Il ne s'agit pas de se protéger, mais de protéger une qualité. Dans cette perspective, celui qui manifeste une colère timorée face au viol du cœur et de l'esprit est considéré comme dangereux car faible. Pourquoi ? Parce que pour l'instant conscient de sa faiblesse, il est plus soucieux de sa propre sauvegarde que de la défense qualitative de l'esprit, sa colère est assujettie à la peur d'être détruit.

 

L'éducation du cœur, de la volonté, doit permettre d'être suffisamment puissant pour ne pas craindre pour sa propre vie et ainsi lier nos pulsions et nos émotions les plus violentes à l'existence de l'esprit, de l'émotion.

 

Dans une perspective développementale où la finalité est plus portée sur la vérité de l'esprit que sur le bonheur il devient absurde de développer, à prime abord, une méthode destinée au plus grand nombre. Dans notre cheminement se pose rapidement la question de la visibilité sur l'objectif. Laissons la psychologie du bonheur et de la réalisation de soi à ceux pour qui cela a une utilité sans condescendance :heureusement qu'il y a plusieurs écoles. La vérité peut-être une passion où,dans une logique d'épurement de toutes nos habitudes de pensées et de nos comportements déterminés par des conceptions héritées, le prix à payer peut se révéler bien plus élevé qu'escompter.

 

Pas de quoi se relever la nuit. Le processus se fait naturellement quand le temps est arrivé. Cela est plus inquiétant pour ceux qui sont pressés. Lâchez un démon dans le monastère et vous avez l'assurance que les jours à venir transpireront le souffre et les larmes. La vérité de l'esprit intéresse peu de monde si elle est abordée sur le plan théorique et fondamental. Reliez-la aux applications d'usage de soins du cœur, de la libido et vous contemplerez la naissance d'une multitude d'écoles portées par la volonté de reconnaissance de leurs fondateurs et la grande demande sur ces questions. Laissons les hommes courir après le bonheur, ça nous occupe et nous découvrirons peut être en chemin les vertus et l'importance de l'amour. Les ambitieux et les colériques qui gardent les yeux ouverts, imbibés des souffrances de l'enfer que peut-être cette réalité, finirons par se détourner de tout bonheur impliquant pour le garder d'embrasser l'oubli et l'ignorance. De vraies saletés : insaisissables, silencieux, nous poussant à nous saborder en nous faisant miroiter nombre de choses, passant l'ombre de leur main sur notre esprit, à la différence d'une décision volontaire de se reposer.

 

Aiguisant leur vision et renouvelant leur engagement, la dissonance cognitive qui naîtra du constat de l'écart entre leurs aspirations et leurs réalisations alimentera une colère issue de la frustration.Certains connaîtront le chaos si la faiblesse de leurs capacités de réalisation est trop importante au regard de leurs ambitions. Ajoutons à cela une capacité plus ou moins solide à supporter la brûlure de la frustration et de la colère,indispensable pour pouvoir enfin commencer l'entrainement.

 

Voici l'objectif :arriver à puiser dans cette colère l'énergie nécessaire aux réalisations permettant d'être au niveau de nos idéaux. Il n'est pas possible d'avancer sur cette voie sans une implication totale. Sans aller jusqu'à étudier les moyens de créer artificiellement cette implication par de l'autosuggestion ou un conditionnement extérieur, qui sont d'ailleurs sans utilité pour l'amour et la vérité, il convient néanmoins d'identifier les erreurs qui en découle. Il n'est pas aisé de distinguer l'artifice et l'authentique engagement. On peut se mentir, manquer d'acuité sur la teneur de nos motivations ou encore subir l'emprise d'une personne.

 

Il est indispensable de gagner en dextérité dans l'analyse rapide des motivations sous-jacentes à tout élan. Si la colère est une couleur, nous avons la liberté d'observer toutes les nuances possibles. La couleur de l'émotion est totalement dépendante de la motivation à l'origine de l'action, de la pensée. Bien entendu l'analyse peu avoir quelque chose de contre intuitif. L'ampleur de notre érudition et de nos capacités d'absorption est proportionnelle à notre ambition, à notre détermination,au temps passé pour la développer.

 

Ainsi certains pans de l'esprit restent hors de portée si on a pas la liberté de discipliner les sentiments et les pensées, quand l'unique objectif est d'exister, d'exprimer de la manière la plus fidèle la violence du ressenti, de l'émotion, de la pensée, en somme de s'affirmer. Ce n'est pas une mauvaise chose en soi si l'on garde en tête que ceci est le résultat de nos lacunes et qu'il convient de ne pas stagné dans ces contrés ; une simple étape de notre développement.

 

 

 

 

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Okay, alors voilà un très beau post qui s'avère fort riche et intéressant! Je ne te fais pas une vraie réponse, juste des remarques qui me viennent en te lisant (excuse-moi, je vais faire ça sans plan ni articulation précise, juste en suivant l'ordre de ton texte).

 

 

 

 

Je suis tout-à-fait d'accord avec toi quand tu dis que la gestion de la colère dépend de la familiarité qu'on entretient avec ce sentiment. Le fait est que parfois l'habitude tout simplement peut se révéler un allié efficace pour gérer la charge émotionnelle, mais comme toute habitude, cela peut avoir ses effets pervers. Quelque part, en se postant dans une attitude de "gérer" cette colère, on en vient à la regarder droit dans les yeux, à la reconnaître comme sienne (arrête-moi si je me trompe, mais je ne pense pas qu'on puisse parler de "gérer" ses sentiments s'il s'agit juste de les renier ou de fermer les yeux dessus). Le fait est que, c'est lors de cette reconnaissance, que le fameux effet pervers peut voir le jour. À force de se confronter à son propre sentiment négatif, sans même qu'on s'en rende compte, il est devenu au fil du temps l'unique chose qui nous définit en tant qu'être humain. Là où, bizarrement, reconnaître la peur en l'assumant pleinement peut la faire s'évanouir comme neige au soleil, la reconnaissance de la colère peut au contraire provoquer l'effet inverse (heureusement ça n'est pas le cas à chaque fois). À force de regarder la colère à chaque fois qu'elle survient, elle devient l'objet de la reflexion qu'on peut avoir sur soi-même, pour finalement en obtenir le monopole. Qui es-tu? Ma colère. Mais sinon? Aucune idée. La familiarité du contact qu'on entretient avec elle l'a tout simplement propulsé comme sujet de notre existence.

 

 

 

 

Alors, lorsqu'il s'agit de voir la beauté, ça pose problème, parce la colère se trouve devant mais aussi derrière nos yeux : aux premières loges de notre subjectivité. Fermer les yeux pour voir la beauté? Peut-être, je parlerai plutôt de réussir à se tromper soi-même, tromper notre esprit et notre corps (même si ça n'est pas aisé). Parce que, quand on ferme les yeux, on peut faire abstraction de l'extérieur, mais pas de notre propre personne.

 

 

 

 

La colère a en effet ce pouvoir de nous précipiter vers le pire dans certains cas. J'ai d'ailleurs lu récemment que, lorsqu'au cours d'un échange, l'agressivité monte, la zone du cerveau qui nous permet de juger rationnellement et de raisonner devient moins sollicitée, tandis qu'on se met progressivement dans un état de "confrontation combative" : réactions plus instinctives, réflexes aiguisés, vigilence accrue etc. (bon, ça vaut ce que ça vaut, c'est une étude parmi d'autres). Bref, on perd notre jugement. Et c'est bien sûr là qu'intervient le fameux "courage". Je ne veux en aucun cas dénigrer les actes des uns et des autres dans des situations extrêmes, mais il me semble que le fameux "feu de l'action" a son mot à dire. À mon sens, beaucoup sont motivés par une réaction directe à une agression/stimulation, et on peut parler de colère. Le courage, celui de faire un choix la tête totalement froide, en en ayant bien examiné toutes les conséquences, n'a lui rien à voir. Il n'est pas dans la réaction, ni sous l'influence de l'adrénaline.

 

 

 

 

"Pour ceraitnes traditions où la colère n'est pas perçue comme l'expression de frustration d'un enfant capricieux" Je te trouve presque trop gentil là dessus, je pense qu'on est nous-même encore bien ancrés dans cette tradition-là. Celle qui fait que les enfants se rêvent des grands guerriers, et pas des grands pacifistes. Celle qui nous fait souvent faire l'amalgame entre liberté, colère et révolte. Certes, on ne fait pas des concours de rugissement pour affirmer notre puissance, mais je pense qu'on aime la colère en elle-même, elle a queqlue chose de bizarrement séduisant. On croise souvent des "feux qui animent" les grands colériques, et on les aime encore plus, et on rêverait d'avoir la même rage, la même gniaque. Étrangement le conflit (sans parler de son pouvoir fédérateur) nous attire, sans qu'on se pose la question de trouver d'autres moyens de s'affirmer.

 

 

 

 

À défaut de les trouver, autant s'intéresser aux sujets de la colère, comme tu le fais. Je suis assez d'accord avec la définition que tu fais de la première voie, et encore plus de ce que tu dis à propos de la seconde. Une colère altruiste, on pourrait dire, envers ce qui va à l'encontre de ce que l'on aime, pas en tant qu'entité, qu'être ou personne, mais j'ai presque envie de dire en tant que "genre". Je prends ce terme car l'objet de l'amour est là bien supérieur à notre propre personne, voire transcende notre échelle, notre réalité concrète. Il s'agit de la définition d'un principe, ou d'un idéal qui doit être à tout prix préservé, et envers lequel on finit par développer un instinct de protection. Je ne sais pas si ça va dans le sens de ce que tu avais à l'esprit, mais lorsque par exemple, je lis ou j'entends une sombre histoire de violence faite aux femmes, même si j en'ai jamais rien connu de tel moi-même ni dans mon entourage qui justifierait une réaction passionnée, je sens déjà la colère monter en moi, et j'ai envie d'étrangler le premier idiot qui me tombe sous la main (enfin presque). Cette colère ne me concerne pas directement, mais elle est pourtant là.

 

 

 

 

Tu parles d'éducation du coeur, afin de ne pas craindre pour sa propre vie. J'atourerais qu'en "combattant" ses instincts primaires, il faut oeuvrer à en développer/débloquer de nouveaux. L'idée n'est pas de dénoncer la colère ou d'en faire un symptôme nuisible, mais de la dissocier de la peur (oui, c'est facile à dire comme ça) et qui sait, tenter de nouvelles combinaisons.

 

 

 

 

"Dans une perspective développementale où la finalité est plus portée sur la vérité de l'esprit que sur le bonheur il devient absurde de développer, à prime abord, une méthode destinée au plus grand nombre. Dans notre cheminement se pose rapidement la question de la visibilité sur l'objectif." je n'ai pas compris ce passage =_=

 

 

 

 

"Les ambitieux et les colériques qui gardent les yeux ouverts, imbibés des souffrances de l'enfer que peut-être cette réalité, finirons par se détourner de tout bonheur impliquant pour le garder d'embrasser l'oubli et l'ignorance." Merde, j'ai l'impression de me retrouver dans cette phrase… Ai-je bien compris? Faut-il alors accepter l'oubli et l'ignorance pour accéder au bonheur? Pour moi, ça sonne comme tout simplement renoncer à soi-même.

 

 

 

 

Quand tu parles de déceler les artifices dans la motivation de la colère chez autrui, ça m'a fait penser à un truc que j'ai récemment vu à la télé. Laurent Ruquier recevait Felix Marquardt, auteur de l'essai "Barrez-vous" (incitant les jeunes à aller à l'étranger pour prendre du recul sur la sclérose du système et s'envoler loin des affres de la france malade de son absence d'emplois ou de perspectives d'avenir etc.). Bref, le bonhomme se pointe avec une dégaine tellement parfaite pour le rôle, et à une des questions, il s'énerve. Il fronce les sourcils, il se pince le haut du nez, il transpire, fait des grands gestes. Et là, je me dis "Nan arrête, on n'y croit plus là…" Ça m'a fait réfléchir à notre bien-aimée télévision, au fait qu'on aime beaucoup trop les démonstrations excessives, que tout ça en devient ridicule, et que, quitte à tout calculer, on ferait bien de réajuster les baromètres. On est, je trouve, de plus en plus confronté à de l'effet, des formules toutes faites, des gueulantes, parce que la manisfestation de la colère fait du buzz, c'est du spectacle, qu'on en oublie le sujet de cette colère. Ces démonstrations ne font pas appel à notre sens critique, ni à notre jugement, mais à notre besoin de nous divertir, ça me semble assez malsain lorsque les médias produisent matière à ce cirque.

 

 

 

 

Tu parles de discipliner nos sentiments, d'accord, mais est-ce qu'on ne finit pas alors par avoir notre conscience comme seule interlocutrice toute notre vie? En fait, est-ce que discipliner notre sentiment induit de l'analyser? Parce qu'au final, un sentiment ne sera jamais une pensée. Tu parlais de la colère comme d'une couleur : on peut se décrire cette couleur pendant des heures, la qualifier et la requalifier, mesurer sa longueur d'onde, le Schmilblick n'aura toujours pas avancé tant qu'on n'aura pas regardé, éprouvé cette couleur. Est-ce qu'elle aura changé après avoir été débattue?

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Okay, alors voilà un très beau post qui s'avère fort riche et intéressant! Je ne te fais pas une vraie réponse, juste des remarques qui me viennent en te lisant (excuse-moi, je vais faire ça sans plan ni articulation précise, juste en suivant l'ordre de ton texte).

 

 

 

 

Je suis tout-à-fait d'accord avec toi quand tu dis que la gestion de la colère dépend de la familiarité qu'on entretient avec ce sentiment. Le fait est que parfois l'habitude tout simplement peut se révéler un allié efficace pour gérer la charge émotionnelle, mais comme toute habitude, cela peut avoir ses effets pervers. Quelque part, en se postant dans une attitude de "gérer" cette colère, on en vient à la regarder droit dans les yeux, à la reconnaître comme sienne (arrête-moi si je me trompe, mais je ne pense pas qu'on puisse parler de "gérer" ses sentiments s'il s'agit juste de les renier ou de fermer les yeux dessus). Le fait est que, c'est lors de cette reconnaissance, que le fameux effet pervers peut voir le jour. À force de se confronter à son propre sentiment négatif, sans même qu'on s'en rende compte, il est devenu au fil du temps l'unique chose qui nous définit en tant qu'être humain. Là où, bizarrement, reconnaître la peur en l'assumant pleinement peut la faire s'évanouir comme neige au soleil, la reconnaissance de la colère peut au contraire provoquer l'effet inverse (heureusement ça n'est pas le cas à chaque fois). À force de regarder la colère à chaque fois qu'elle survient, elle devient l'objet de la reflexion qu'on peut avoir sur soi-même, pour finalement en obtenir le monopole. Qui es-tu? Ma colère. Mais sinon? Aucune idée. La familiarité du contact qu'on entretient avec elle l'a tout simplement propulsé comme sujet de notre existence.

 

 

 

 

Alors, lorsqu'il s'agit de voir la beauté, ça pose problème, parce la colère se trouve devant mais aussi derrière nos yeux : aux premières loges de notre subjectivité. Fermer les yeux pour voir la beauté? Peut-être, je parlerai plutôt de réussir à se tromper soi-même, tromper notre esprit et notre corps (même si ça n'est pas aisé). Parce que, quand on ferme les yeux, on peut faire abstraction de l'extérieur, mais pas de notre propre personne.

 

Je vois ce que tu veux dire. L'idée était bien d'illustrer un réflexe imparfait voir artificiel pour lutter contre la focalisation, le fait qu'à un instant T rien d'autre n'existe dans notre psyché et étant donner le caractère et la force du ressenti, si le pourrissement guette, que la colère ne débouche sur rien, on prend un obus dans l'aile et le voyage risque de prendre une autre tournure. Pour le délire si je me rends au temple du Dieu de la guerre pour démêler les questions de colère c'est parce que je la vois comme la mobilisation rapide et extrême de nos ressources face à une situation soulignant cruellement nos points faibles, les zones tendres et inexpérimentées de notre psychisme face à un univers nous étant inconnu bien qu'il soit le tenant et l'aboutissant de toute chose. La colère ressemble à une électrocution de notre psychisme, une stimulation violente visant à stimuler les zones ne l'étant pas, mais pour moi elle ne contient pas de sens à proprement parler et comme tu le dis après c'est un principe d'action relativement incompatible avec une réflexion profonde et qualitative. C'est bien pour cela que je lie colère et ambition, à force de prendre 200000 volts dans la tête on va peut être finir par se mettre au boulot et commencer l'entrainement par attachement à un idéal, saisissant le fighting spirit pour enfin développer nos facultés pour faire face sans avoir à entrer dans la zone rouge.

 

 

La colère a en effet ce pouvoir de nous précipiter vers le pire dans certains cas. J'ai d'ailleurs lu récemment que, lorsqu'au cours d'un échange, l'agressivité monte, la zone du cerveau qui nous permet de juger rationnellement et de raisonner devient moins sollicitée, tandis qu'on se met progressivement dans un état de "confrontation combative" : réactions plus instinctives, réflexes aiguisés, vigilence accrue etc. (bon, ça vaut ce que ça vaut, c'est une étude parmi d'autres). Bref, on perd notre jugement. Et c'est bien sûr là qu'intervient le fameux "courage". Je ne veux en aucun cas dénigrer les actes des uns et des autres dans des situations extrêmes, mais il me semble que le fameux "feu de l'action" a son mot à dire. À mon sens, beaucoup sont motivés par une réaction directe à une agression/stimulation, et on peut parler de colère. Le courage, celui de faire un choix la tête totalement froide, en en ayant bien examiné toutes les conséquences, n'a lui rien à voir. Il n'est pas dans la réaction, ni sous l'influence de l'adrénaline.

 

VIVI

 

"Pour ceraitnes traditions où la colère n'est pas perçue comme l'expression de frustration d'un enfant capricieux" Je te trouve presque trop gentil là dessus, je pense qu'on est nous-même encore bien ancrés dans cette tradition-là. Celle qui fait que les enfants se rêvent des grands guerriers, et pas des grands pacifistes. Celle qui nous fait souvent faire l'amalgame entre liberté, colère et révolte. Certes, on ne fait pas des concours de rugissement pour affirmer notre puissance, mais je pense qu'on aime la colère en elle-même, elle a queqlue chose de bizarrement séduisant. On croise souvent des "feux qui animent" les grands colériques, et on les aime encore plus, et on rêverait d'avoir la même rage, la même gniaque. Étrangement le conflit (sans parler de son pouvoir fédérateur) nous attire, sans qu'on se pose la question de trouver d'autres moyens de s'affirmer.

 

Tu m'éclates sur ce coup là : 10 hits combo, you win, perfect. Ma réserve vient du fait que j'attribut cela au désintérêt pour l'esprit, la culture, le spirituel (parfois à juste titre quand tout cela est souillé par certains dignitaires ou représentants). La volonté de puissance totalement dévouée à l'esprit, à notre développement psychique et émotionnel n'a rien de glamour et peut difficilement être promue par n'importe qui. Cela me rappelle le sketch de Coluche où il tournait en dérision un professeur sensé leur vendre de l'intelligence mais qui n'avait pas un échantillon sur lui. Dés que l'on touche à l'esprit, la pure théorie n'est utile que pour un très petit nombre et encore, cela peut vite devenir une planque. La colère peut être séduisante pour les guerriers car c'est une arme, elle implique donc l'éventualité d'avoir la capacité de protéger ce qui doit l'être à nos yeux et de pouvoir s'affranchir de nombre de choses. C'est le propre des aspirants n'ayant pas été bousculé concrètement sur un sujet et qui se passe donc très volontiers de la galère que représente l'entrainement devant nous amener vers les développements et les actions pouvant nous permettre de prendre l'ascendant sur ce qui pique notre conscience.

 

 

À défaut de les trouver, autant s'intéresser aux sujets de la colère, comme tu le fais. Je suis assez d'accord avec la définition que tu fais de la première voie, et encore plus de ce que tu dis à propos de la seconde. Une colère altruiste, on pourrait dire, envers ce qui va à l'encontre de ce que l'on aime, pas en tant qu'entité, qu'être ou personne, mais j'ai presque envie de dire en tant que "genre". Je prends ce terme car l'objet de l'amour est là bien supérieur à notre propre personne, voire transcende notre échelle, notre réalité concrète. Il s'agit de la définition d'un principe, ou d'un idéal qui doit être à tout prix préservé, et envers lequel on finit par développer un instinct de protection. Je ne sais pas si ça va dans le sens de ce que tu avais à l'esprit, mais lorsque par exemple, je lis ou j'entends une sombre histoire de violence faite aux femmes, même si j en'ai jamais rien connu de tel moi-même ni dans mon entourage qui justifierait une réaction passionnée, je sens déjà la colère monter en moi, et j'ai envie d'étrangler le premier idiot qui me tombe sous la main (enfin presque). Cette colère ne me concerne pas directement, mais elle est pourtant là.

 

Tu y es, c'était bien ça. Si je devais rectifier quelque chose ce serait sur ma présentation et la segmentation en voies. Dans la réalité le monde ne se divise pas en deux catégories avec les chiens enragés d'un côté et les paladins de l'autre. Ce qui m'intéresse en ce moment c'est plutôt d'arriver à illustrer correctement comment on quitte le premier état par lequel nous passons tous, l'ignorance et la faiblesse est notre base originelle le temps que notre organisme et nos facultés se développent, pour porter notre regard sur autre chose que notre simple survie.

 

 

Tu parles d'éducation du coeur, afin de ne pas craindre pour sa propre vie. J'atourerais qu'en "combattant" ses instincts primaires, il faut oeuvrer à en développer/débloquer de nouveaux. L'idée n'est pas de dénoncer la colère ou d'en faire un symptôme nuisible, mais de la dissocier de la peur (oui, c'est facile à dire comme ça) et qui sait, tenter de nouvelles combinaisons.

 

Ajoutes, ajoutes.

 

 

"Dans une perspective développementale où la finalité est plus portée sur la vérité de l'esprit que sur le bonheur il devient absurde de développer, à prime abord, une méthode destinée au plus grand nombre. Dans notre cheminement se pose rapidement la question de la visibilité sur l'objectif." je n'ai pas compris ce passage =_=

 

Oui c'est normal, j'ai bloquer un moment sur la façon d'en dire le plus avec le moins de mots possible mais c'est indigeste. Disons, lorsque l'on s'engage totalement à grandir psychiquement et spirituellement nous pouvons le faire pour une motivation parfaitement intrinsèque, nous comprenons la logique du développement humain et nous avançons à la lumière de cette seule flamme, nous affranchissant dans cette marche des obstacles impliquant par moment un certain inconfort ou malheur. Cette attitude et cette décision ne peuvent en aucune façon devenir l'objet d'une communication de masse, un principe inculqué à tous. A moins d'avoir une attirance pour la domination, d'être parfaitement irresponsable et totalement ignorant de la diversité des caractères et des vécus impliquant une pédagogie adaptée.

 

 

"Les ambitieux et les colériques qui gardent les yeux ouverts, imbibés des souffrances de l'enfer que peut-être cette réalité, finirons par se détourner de tout bonheur impliquant pour le garder d'embrasser l'oubli et l'ignorance." Merde, j'ai l'impression de me retrouver dans cette phrase… Ai-je bien compris? Faut-il alors accepter l'oubli et l'ignorance pour accéder au bonheur? Pour moi, ça sonne comme tout simplement renoncer à soi-même.

 

Du tout, considères la suite du texte et la nuance faite entre abandonner un temps et prendre volontairement la décision de se reposer. Vrai que la finalité de l'idée est restée au stade embryonnaire : au final ce que je souhaite aborder c'est la question de la gestion de l'effort, aller trop vite et trop loin d'un coup ou par de violentes saccades induit généralement un retour de manivelle personnifié par l'ombre de la main de l'oubli et de l'ignorance sur notre esprit.

 

 

Quand tu parles de déceler les artifices dans la motivation de la colère chez autrui, ça m'a fait penser à un truc que j'ai récemment vu à la télé. Laurent Ruquier recevait Felix Marquardt, auteur de l'essai "Barrez-vous" (incitant les jeunes à aller à l'étranger pour prendre du recul sur la sclérose du système et s'envoler loin des affres de la france malade de son absence d'emplois ou de perspectives d'avenir etc.). Bref, le bonhomme se pointe avec une dégaine tellement parfaite pour le rôle, et à une des questions, il s'énerve. Il fronce les sourcils, il se pince le haut du nez, il transpire, fait des grands gestes. Et là, je me dis "Nan arrête, on n'y croit plus là…" Ça m'a fait réfléchir à notre bien-aimée télévision, au fait qu'on aime beaucoup trop les démonstrations excessives, que tout ça en devient ridicule, et que, quitte à tout calculer, on ferait bien de réajuster les baromètres. On est, je trouve, de plus en plus confronté à de l'effet, des formules toutes faites, des gueulantes, parce que la manisfestation de la colère fait du buzz, c'est du spectacle, qu'on en oublie le sujet de cette colère. Ces démonstrations ne font pas appel à notre sens critique, ni à notre jugement, mais à notre besoin de nous divertir, ça me semble assez malsain lorsque les médias produisent matière à ce cirque.

 

 

 

 

Tu parles de discipliner nos sentiments, d'accord, mais est-ce qu'on ne finit pas alors par avoir notre conscience comme seule interlocutrice toute notre vie? En fait, est-ce que discipliner notre sentiment induit de l'analyser? Parce qu'au final, un sentiment ne sera jamais une pensée. Tu parlais de la colère comme d'une couleur : on peut se décrire cette couleur pendant des heures, la qualifier et la requalifier, mesurer sa longueur d'onde, le Schmilblick n'aura toujours pas avancé tant qu'on n'aura pas regardé, éprouvé cette couleur. Est-ce qu'elle aura changé après avoir été débattue?

 

Je préfère tourner la chose de cette façon : avoir la liberté de pouvoir les discipliner en opposition à un état aliénant ou nous n'avons pas d'autre choix que de subir des automatismes de pensées et de comportements. La discipline est peut-être un des sujets les plus délicats à aborder. Disons que pour s'en sortir et que d'autres n'est pas à venir le faire à notre place, chose détestable pour certains d'entre nous, nous devons acquérir ce pouvoir. Question de fierté et de tact, le sentiment n'est pas un chien que l'on dresse à coups de triques et de sucres. Bien sûr que pour éduquer quelque chose de la meilleure manière qu'il soit il faut pouvoir le comprendre. Gros morceau que voilà : tu es d'accord pour dire que face à nombre de situations et d'implications le sentiment de colère peut également être mêler à de la tristesse, de l'incompréhension, de la panique, etc...

Pour moi le point déterminant c'est la perméabilité plus ou moins grande de l'émotion, du sentiment à notre vision, notre posture, notre détermination. Imaginons qu'à 10 ans nous soyons confrontés à une situation impliquant une certaine émotion, un sentiment particulier. A seize ans face à cette même situation il est tout à fait possible que notre sentiment soit différent car notre psychisme peut avoir changé dans une certaine mesure. Quand je pense analyser l'émotion, le sentiment, je pense en réalité analyser en quoi notre façon de penser et d'aborder cette réalité et notre vie influence nos sentiments et nos émotions. Pour moi c'est le cœur de l'éducation sentimentale. L'impact de la pensée sur l'émotion est une chose complexe car ce n'est pas une question de volonté, on ne va pas tordre le cou à ses émotions parce qu'on a décider que dans l'instant ce sentiment est gênant. C'est un apprentissage sur la longueur où l'idée peu prendre du temps à être implémentée dans le ressenti. Bien sur ne surtout pas jouer avec son esprit et ses émotions, on ne se décrète pas alchimiste spirituel en un jour. C'est là que l'instruction, que les points d'exp. en érudition prennent toute leur valeur, nous fournissant une carte majeure et pourquoi pas idéalement se tourner vers les conseils avisés d'une personne expérimentée. peut importe l'état de notre psychisme ( exception faite de certaines lésions et autres barrières insurmontables), nous pouvons nous dire que si cela ne nous plaît pas il est possible que les choses soient différentes en considérant notre position, notre point de vue. Les choses sont ce quelles sont, par contre nous pouvons toujours changer de point de vue ou notre politique de vie, travailler certaines capacités, etc..

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On peut aussi se pencher sur LE contexte où la colère est la plus difficile à exploiter : face aux lois de notre condition humaine. Je ne vais pas radoté sur notre état d'ignorance originelle. Lorsque l'on se confronte aux fondements de notre condition comme la maladie ou encore la mort, le lot d'émotions et de ressentis possibles à cet instant peut allier mélancolie, profonde affliction, sentiment de perte, d'abandon, de frustration & de colère, de culpabilité, nombre de ressentis pouvant nous projeter au cœur d'un univers psychique pouvant ressembler à un obscur désert sans ciel ni terre, où chaque sentiment ou émotion peut prendre la forme d'un nuage sombre et indicible chargé en électricité, portant en son sein nombre d'images et de douleurs, de brûlures appelant les larmes comme autant de soins pour nos cœurs, laissant ainsi l'émotion se déployer et la souffrance s'exprimer, quitte à la hurler.

 

 

C'est plus facile à dire qu'à faire mais ne serait-ce qu'envisager cela comme un rite de passage, une étape, peut permettre d'attacher la colère à la dissolution de notre ignorance & d'éventuels regrets quant à des actes manqués. Oui on peut porter une rage tonitruante à l'égard de quelqu'un ou de soi-même, une pulsion de destruction à la hauteur des douleurs que l'on expérimente. On devine assez vite le problème qui réside dans l'opposition entre de telles charges émotionnelles et des montagnes aussi immuables que la mort et le temps.

 

 

On ne peut raisonnablement attacher cette rage qu'au futur, prêtant serment le cœur ombragé que nous nous occuperons de nos proches avec une vigilance ayant l'ambition de pouvoir s'affranchir des masques et du silence de certains cœurs, vigilance prenant des reflets d'amour, d'inquiétude, comme ceux que chaque parent aimant peut ressentir pour ses enfants.

 

Chose assez spéciale, peut-être uniquement valable pour moi, mais notre position physique lorsque l'on est prie dans l'orage peut avoir son importance dans notre capacité à encaisser : nous avons bien plus facilement accès à toutes nos ressources d'esprit et de cœur pour laisser s'écouler le torrent en étant assis et en gardant un certains tonus, plutôt que rouler en boule au fond de son lit.

 

 

Plus jamais ça, moi vivant aucun de mes proches n'ira s'échouer sur l'île des suicidés, que ce soit une tentative ou définitif.

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Comme on a finit sur la question de la discipline du coeur un peu plus tôt, je me demande de plus en plus s'il est vaiment question de le maîtriser?

 

Pour appréhender le lot d'émotions dont tu parles là, j'ai envie de répondre que les charges ne s'opposent que si l'esprit ne supporte pas assez de dimensions pour qu'elles cohabitent (je ne dis pas "contenir" parce que ça induirait qu'on les maintient en quelque sorte). Bref, essayer de passer à l'élevage en plein air.

 

J'imagine qu'il s'agirait, d'une certaine manière, d'élargir l'esprit en même temps qu'on l'enrichit ; au final rajouter plus de place autour de l'objet incriminé, et d'autre part profiter de ce nouvel espace disponible pour accueillir de nouveaux arrivants, qui vont remettre nos bêtes en perspectives pour nous les montrer sous un nouveau jour (grands dieux, ça sonne tellement stupide quand je l'écris comme ça…). Disons que ça part du constat que j'ai fait à ma modeste échelle, que, à défaut de pouvoir être rangé, l'esprit pouvait au contraire se révéler étonnamment extensible, surtout pour du bordel positif (facile, ouais, c'est comme si c'était fait).

 

 

 

 

Pendant longtemps je suis restée focalisée sur une même tâche au milieu d'une feuille, qui m'a pourri la vie. Je la voyais tout le temps et j'essayais de l'effacer, mais elle bavait sur toute la feuille à force que je la tripote, et au final c'est devenu l'unique truc que j'étais capable de dire à propros de moi avec honnêteté. À ce moment là je voulais juste être plus forte, mais contre une tâche ça rime à rien. Au bout de longues années j'ai fini par comprendre que c'était pas la bonne méthode, et qu'il suffirait d'agrandir la feuille, et d'écrire autre chose à côté. Ça tombe bien, personne n'a, à ma connaissance, mesuré la taille de l'esprit, donc potentiellement il peut s'étendre à l'infini (et au delàààààà), et contenir autant de dimension que ça nous chante, voire s'affranchir joyeusement d'un bon paquets de principes. Je ne prône pas non plus une anarchie totale, mais parfois on voudrait être plus fort, alors qu'il est tout aussi judicieux d'être plus grand. Au final, pour moi il ne s'agit pas frocément d'être maître de son esprit, mais d'en être maître de l'échelle.

 

 

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Très pertinent, on peut toujours investir l'espace, faciliter l'émergence de sentiments de plus en plus riches, le piège prenant souvent la forme d'un cloisonnement et d'une pensée ou d'une émotion devenant monolithique. Par rapport à la réflexion précédente cet exemple extrêmement concret souligne pour moi l'importance du mouvement et l'absence de règles absolues, c'est bien pour cela que l'esprit humain est fascinant : la discipline peut être essentielle dans certains moments ( rester concentrer sur une tâche sans céder à l'appel du grand air ou de je ne sais quel autre truc fun ou dire une chose simplement car ça nous passe par la tête sans penser aux conséquences) et dans d'autres, comme tu le dis, la pleine expression de l'émotion sans vouloir la contrôler est bien la marche à suivre en enrichissant constamment le spectre de nos sentiments. L'esprit humain est si riche, si fascinant, que toute tentative de résumé figé est vaine.

D'ailleurs la plus grosse entrave pour les personnes prenant l'esprit comme objectif et sujet de leur attention c'est de se retrouver en position de s'observer vivre. On fait avec ce que l'on a, nos capacités, nos sentiments, notre vécu : grand bien arrivera à celui qui envisage la possibilité de faire bouger chaque élément au lieu de le prendre comme une variable fixe avec laquelle nous devons composer bon grès mal grès.

 

 

On se sous estime parce que nous considérons que ce qui est visible et non ce qui est possible, aussi peut-être par confort : c'est toujours une gageure pour l'orgueil de considérer d'autres plus compétents. Toutefois, il paraît que les maîtres (tous domaines confondus) furent également des élèves par le passé. Un bruit qui court, j'ai pas vérifié.

 

 

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Bon, un peu plus tôt je parlais de ne pas analyser la colère, eh bien je vais faire exactement l'inverse de ce que j'ai dit —j'ai pas pu m'empêcher, il fallait que je réfléchisse là-dessus, ça m'empêchait de dormir... Ça s'écarte peut-être de la direction que tu voulais donner à cette réflexion, car je ne parle pas de la colère exclusivement, mais du rapport entre sentiment et pensée.

 

La colère, mais le sentiment en général est autant puissant qu'il porte en nous la valeur de la vérité. Je m'explique : on peut se mentir, se voiler la face, mais une fois qu'on a réalisé un sentiment, il est impossible de le nier sciemment. Je suis une grande cartésienne dans l'âme, et effectivement il m'arrive de douter de tout, même de la nature de ma pensée ou de ma perception (mais pas de la perception de ma pensée) ; pourtant le sentiment, celui qui se manifeste sous forme de pulsion, est lui indubitable. Il est vrai. Dès lors, accepter n'importe quelle idée, lui conférer la valeur de la vérité, celle que tout notre être reconnait, c'est la faire passer par le support du sentiment. De la même façon, réfuter une idée, c'est ressentir cette répulsion envers ce qui nous semble être en tord avec notre être ; à ce point en tord que cette répulsion peut provoquer la colère. Cette colère est alors autant une vérité, car on ne peut nier l'éprouver.

 

Du discours de Descartes je n'ai jamais retenu que le début du raisonnement : cogito ergo sum, à savoir que l'on peut douter de tout, jusqu'à sa propre existence, même de sa pensée, mais pas du fait qu'il y ait un "je qui pense". Ceci n'est pas une démonstration, car ne répond pas à la logique. On l'utilise certes pour écarter tous les éléments dubitables, mais l'ultime irréductible résistant, le "je qui pense" n'est pas une preuve ni un résultat observable ou calculable. Il implique le "je suis" : une réponse qui est incarnée par l'intuition. Je ne pourrai jamais prouver que je suis, mais j'en aurai toujours l'intuition, le sentiment en quelque sorte. Je parle d'intuition car il ne s'agit pas d'un résultat fixe, d'un savoir acquis, puisqu'il n'est vrai qu'au moment où il est vérifié. C'est cette vérité-là qui m'intéresse ici, celle qui est impossible à définir mais qui est la plus palpable ; elle est à mon sens une pensée et un sentiment à la fois, une perception et une idée. Elle n'est pas un savoir mais une manifestation d'acceptation de tout notre être. J'ai l'impression qu'en atteignant ce type de vérité, on touche du doigt une des pierres angulaires de la structure de notre esprit, celles qui nous définissent. Cela me conforte dans l'intuition que j'ai que les pensées sont toujours comme greffées plus moins directement sur des émotions.

 

Il leur faudrait inventer un nouveau terme. Selon ce principe, si une "chimère" de colère est une de ces pierres, l'enjeu serait alors de réussir à en ériger d'autres, afin qu'elle ne soit plus indispensable pour supporter la structure. Bref, la mettre au chômage technique. Je disais plus haut que la véracité du "je suis" était vérifiable uniquement dans l'instant. Pour ce qui est des vérités de l'esprit, pierres angulaires de notre être, reste à savoir si elles disposent d'aussi peu de rémanence. J'aurai envie de dire qu'une fois découvertes, elles disposent d'une certaines pérennité, sinon elles ne pourraient nous définir ; mais en aucun cas cette pérennité ne peut nous dispenser de retourner éprouver leur véracité, et jauger si elles ont toujours leur place en tant que pilier de notre être. Cela suppose de souvent se remettre en question, mais également qu'il est possible de faire évoluer notre structure.

 

 

 

 

Je me demande s'il existe un seul maître capable de confesser en totale honnêteté avec soi-même "Je sais". Pour ma part, si je me mets à penser ça un jour, s'il te plaît fous-moi une baffe, parce que ça signifiera que j'aurais cessé de réfléchir.

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J'ai pas encore pris le temps de lire ce texte mais après une lecture en diagonale, ça m'a l'air fortement intéressant. Je le lirai d'ici peu de manière concentrée et te donnerai mon opinion. Je peux déjà dire que je trouve ton style d'écriture magnifique.

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Bon, un peu plus tôt je parlais de ne pas analyser la colère, eh bien je vais faire exactement l'inverse de ce que j'ai dit —j'ai pas pu m'empêcher, il fallait que je réfléchisse là-dessus, ça m'empêchait de dormir... Ça s'écarte peut-être de la direction que tu voulais donner à cette réflexion, car je ne parle pas de la colère exclusivement, mais du rapport entre sentiment et pensée.

 

Arrêtes tu vas me faire culpabilisé pour tes heures de sommeil, en même temps un samedi soir c'est pas le pire. Moi ça me fait toujours extrêmement plaisir de voir ou d'imaginer un esprit bouillonné (une des mauvaises influences du Dieu de la guerre peut-être), que notre potentiel s'agite pour mettre quelque chose en perspective et éclaircir, révéler un objet aux contours et aux qualités flous. Peut importe pour la direction, on ne va pas ouvrir un autre topique sous prétexte que la discussion s'élargit, je trouve que c'est une bonne chose même : le thème de la colère on peut en faire le tour assez raidement si l'on ne multiplie pas les cas précis illustrant nombres de combinaisons émotionnelles possibles & les moyens adaptés pour l'exploiter, l'exprimer sans pour autant tout faire volé et exploser des nez.

 

La colère, mais le sentiment en général est autant puissant qu'il porte en nous la valeur de la vérité. Je m'explique : on peut se mentir, se voiler la face, mais une fois qu'on a réalisé un sentiment, il est impossible de le nier sciemment. Je suis une grande cartésienne dans l'âme, et effectivement il m'arrive de douter de tout, même de la nature de ma pensée ou de ma perception (mais pas de la perception de ma pensée) ; pourtant le sentiment, celui qui se manifeste sous forme de pulsion, est lui indubitable. Il est vrai. Dès lors, accepter n'importe quelle idée, lui conférer la valeur de la vérité, celle que tout notre être reconnait, c'est la faire passer par le support du sentiment. De la même façon, réfuter une idée, c'est ressentir cette répulsion envers ce qui nous semble être en tord avec notre être ; à ce point en tord que cette répulsion peut provoquer la colère. Cette colère est alors autant une vérité, car on ne peut nier l'éprouver.

 

Amen. Je souhaite toutefois te proposer cette idée prenant ses racines dans le thème de l'éducation sentimentale et de la colère : que ce soit celle du démon ou bien celle du paladin, leur colère selon le principe que tu développes incarnent toute deux la réalité momentanée de leur être. Là où j'aimerai ajouter une nuance c'est sur la nature de cette vérité : pour moi cela à plus trait à la vérité de l'expression, à sa qualité, plutôt qu'à leur personne, car dans ce cas nous ferions d'eux des entités figées en dehors du temps et du potentiel évolutif de l'Homme. Je trouve incomplet de penser l'humanité en ne l'inscrivant pas sur un continuum temps.

Nous pourrions très bien imaginer une personne qui développe une haine féroce à l'égard de quelqu'un, une pulsion de destruction pouvant même commencer à attaquer sa personnalité, prenant alors progressivement les traits du démon. Imaginons que cette émotion soit le résultat de la croyance inconditionnelle que sa petite sœur adorée est été tuée par la personne ciblée par la haine et la colère. L'expression de l'émotion a valeur ici de "vérité" selon le principe énoncé. Imaginons la possibilité que cette croyance soit basée sur un mensonge, que la personne incriminée n'est jamais commit un tel acte en raison de la duperie d'une troisième vile personne qui trouve un intérêt à tout cela. Sa colère et sa haine expriment la vérité de sa douleur, mais également l'erreur sur la personne ciblée.

 

Du discours de Descartes je n'ai jamais retenu que le début du raisonnement : cogito ergo sum, à savoir que l'on peut douter de tout, jusqu'à sa propre existence, même de sa pensée, mais pas du fait qu'il y ait un "je qui pense". Ceci n'est pas une démonstration, car ne répond pas à la logique. On l'utilise certes pour écarter tous les éléments dubitables, mais l'ultime irréductible résistant, le "je qui pense" n'est pas une preuve ni un résultat observable ou calculable. Il implique le "je suis" : une réponse qui est incarnée par l'intuition. Je ne pourrai jamais prouver que je suis, mais j'en aurai toujours l'intuition, le sentiment en quelque sorte. Je parle d'intuition car il s'agit ne s'agit pas d'un résultat fixe, d'un savoir acquis, puisqu'il n'est vrai qu'au moment où il est vérifié. C'est cette vérité-là qui m'intéresse ici, celle qui est impossible à définir mais qui est la plus palpable ; elle est à mon sens une pensée et un sentiment à la fois, une perception et une idée. Elle n'est pas un savoir mais une manifestation d'acceptation de tout notre être. J'ai l'impression qu'en atteignant ce type de vérité, on touche du doigt une des pierres angulaires de la structure de notre esprit, celles qui nous définissent. Cela me conforte dans l'intuition que j'ai que les pensées sont toujours comme greffées plus moins directement sur des émotions.

 

Rectifies si je fais fausse route : une sorte de photo sensorielle instantanée grand angle ayant l'ambition de tout inclure dans le cliché ? Le truc qui me fais tiquer et pour taquiner c'est : " Cela me conforte". Ta réflexion avait-elle pour unique objectif de renforcer une intuition ? Le doute semble mince sans les réflexions précédentes menant à cette conclusion ( ne te sens pas obligée d'en faire la démonstration hein, c'est une histoire entre toi et toi, un grain de sable dans un rouage peut-être parfaitement viable, mon objectif c'est de mettre plus de doute là j'en ai vu peu, sans présupposer de son existence antérieure). D'accord pour souligner le contact entre la pensée et l'émotion et la primeur de la seconde sur la première pour une raison développementale : le néo cortex (partie supérieure du cerveau en charge des traitements cognitifs complexes comme le raisonnements et tout le tremblement des capacités singulières ou plus avancées de l'Homme ) s'est développé après le système limbique (rôle majeur pour les émotions mais n'est pas le seul). Les animaux peuvent ressentir la peur et d'autres émotions. Avec le développement de ses facultés l'Homme dispose ainsi d'une palette d'émotions peut-être (par précaution) plus riches et d'un pont plus large entre ces dernières et la pensée.

Pour l'ego, le sentiment d'identité désigné, j'irai plus loin en disant que pour moi il est le produit de tout les éléments actifs de l'esprit à un moment. Actives d'autres éléments jusqu'à présent silencieux et le produit changera. C'est un peu trash mais pour bousculer l'idée qui ferait de l'ego un objet à proprement parlé (je ne dis pas que c'est ce que tu penses, entendons-nous), si dans un accident une partie précise du cerveau est endommagée, même si toutes les autres zones sont intactes la personnalité de l'individu, comme ces proches pouvaient la connaître avant, sera à tout jamais modifiée.

 

Il leur faudrait inventer un nouveau terme. Selon ce principe, si une "chimère" de colère est une de ces pierres, l'enjeu serait alors de réussir à en ériger d'autres, afin qu'elle ne soit plus indispensable pour supporter la structure. Bref, la mettre au chômage technique. Je disais plus haut que la véracité du "je suis" était vérifiable uniquement dans l'instant. Pour ce qui est des vérités de l'esprit, pierres angulaires de notre être, reste à savoir si elles disposent d'aussi peu de rémanence. J'aurai envie de dire qu'une fois découvertes, elles disposent d'une certaines pérennité, sinon elles ne pourraient nous définir ; mais en aucun cas cette pérennité ne peut nous dispenser de retourner éprouver leur véracité, et jauger si elles ont toujours leur place en tant que pilier de notre être. Cela suppose de souvent se remettre en question, mais également qu'il est possible de faire évoluer notre structure.

 

Chère Duet, je crois deviner où tu veux m'emmener et tu prêches un convaincu. Mon dada, comme tu l'as peut-être remarqué, c'est de souligner continuellement, au risque de faire des répétitions en veux-tu en voilà, l'importance de ne jamais résumer l'homme, la femme, à ce que j'en perçois à un moment T, de toujours les inscrire dans une dynamique évolutive. Je remets en cause autant que je peux si c'était bien la visée du propos, rassures-toi. Pour plus de développements et si c'est bien ta volonté, le MP sera plus adapté.

 

 

Je me demande s'il existe un seul maître capable de confesser en totale honnêteté avec soi-même "Je sais". Pour ma part, si je me mets à penser ça un jour, s'il te plaît fous-moi une baffe, parce que ça signifiera que j'aurais cessé de réfléchir.

 

A priori tu ne te le demandes pas vraiment si je dois te secouer (tu as beau être une guerrière, la baffe là je ne sais pas pourquoi ça passe pas, je préfère opérer avec la lame de l'esprit en général ) le jour où cette perspective devait te traverser l'esprit, ou alors c'est l'expression d'une certitude que tu ne veux pas déclarer par frilosité et que tu habilles de manière maladroite en ajoutant la supposition toute spéciale que rencontrer une personne que tu estimes plus compétente selon tes critères soit synonyme d'arrêter de réfléchir, dans un mouvement de soumission particulièrement malsain. Bref, sois tranquille. Je parle de ci de là de maîtres, de temples, de disciples, mais je suis particulièrement au fait des travers et des dérives occasionnées lorsqu'une école, une religion est entre de mauvaises mains. Au delà des traditions et de leurs qualités pédagogiques plus ou moins adaptées pour tel peuple ou telle personne, tout ceci représente pour moi des notes différentes sur un même clavier, l'esprit humain, se déployant dans la même salle de concert, l'univers. Sinon oui, il y a bien un compositeur dont je préfère 100 fois la musique en comparaison des autres, sans pour autant fermer les yeux sur les qualités de ses derniers, essentiellement pour la culture générale et pour pouvoir converser un minimum avec d'autres mélomanes. Voilà voilà. J'espère avoir correctement étriper une crainte ou un préjugé que je comprends parfaitement.

 

Ji_Aizen> Ohayô, j'attendrai ton retour, tu peux faire l'économie des compliments, cela m'aide à partager pour des motivations autres que votre reconnaissance. Par contre les critiques, les demandes de précisions et autres partages seront accueillies à bras ouverts. Un grand merci pour l'effort de lecture, j'ai conscience que certains passages sont assez lourd. A bientôt *salutation*

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"Là où j'aimerai ajouter une nuance c'est sur la nature de cette vérité : pour moi cela à plus trait à la vérité de l'expression, à sa qualité, plutôt qu'à leur personne, car dans ce cas nous ferions d'eux des entités figées en dehors du temps et du potentiel évolutif de l'Homme."

 

Je dis justement plus loin, grâce à Descartes, que cette vérité est vraie dans l'instant, qu'elle doit être revérifiée souvent, car on ne peut la considérer comme un acquis ni un savoir. Ils ne seraient alors pas figés en dehors du temps, mais plutôt définis uniquement dans l'instant (ce qui quelque part est hors du temps, d'accord...).

 

 

 

 

"L'expression de l'émotion a valeur ici de "vérité" selon le principe énoncé. Imaginons la possibilité que cette croyance soit basée sur un mensonge..."

 

Il est peut-être pertinent de préciser tout de suite que je ne crois pas en l'objectivité. Quand je parle de vérité, il s'agit de verité "interne" à l'être. La réalité factuelle extérieure ne prend pas en compte la "valeur" de vérité, qui est à mon sens absurde hors de notre propre subjectivité.

 

 

 

 

"Rectifies si je fais fausse route : une sorte de photo sensorielle instantanée grand angle ayant l'ambition de tout inclure dans le cliché ?"

 

Euh, je ne vois pas bien comment tu arrives à cette image, désolée je ne vois pas vraiment le rapport…

 

"Le truc qui me fais tiquer et pour taquiner c'est : " Cela me conforte". Ta réflexion avait-elle pour unique objectif de renforcer une intuition?..."

 

Haha! Ça n'étais pas l'ojectif quand j'ai commencé à y réfléchir, mais il se trouve que je suis retombée là-dessus. Disons que c'est ce qui m'empêche de trouver mon raisonnement "creux". Je n'ai jamais aimé la distinction qu'on peut faire entre "le coeur et la raison", j'ai toujours trouvé ça arbitraire et simpliste. Je pense que (c'est l'objet de ce post en fait) une réflexion n'est acceptée que quand elle est validée par notre sentiment, et que parfois on l'a validée sans l'avoir encore clairement formulée. Alors peut-être que ce sentiment a manipulé ma réflexion depuis le début pour m'y faire retomber comme par magie (en fait c'est plus que probable), mais disons que ma toute première conscience ne s'en était pas rendue compte à la base.

 

 

 

 

"D'accord pour souligner le contact entre la pensée et l'émotion et la primeur de la seconde sur la première pour une raison développementale..."

 

Je suis d'accord, du point de vue du développement du cerveau, de l'être humain en général. En revanche, je pense que l'émotion n'a pas forcément la primeur sur la pensée ; je ne vois pas vraiment la première comme une force titanesque qui trainerait dans son sillage la seconde. Je ne serais pas vraiment capable de t'expliquer comment exactement, mais il me semble que leur rapport est plus complexe (je vais essayer d'éclaircir ça prochaînement). Je suis à peine d'accord avec la distinction qu'on est habitué de faire entre ces deux.

 

 

 

 

"Pour l’ego..."

 

Je suis tout à fait d'accord avec toi là-dessus. L'ego n'est pas un objet, tu l'as bien dit "le sentiment d'identité désigné" : l'identité comme sentiment, pas quelque chose dont on peu aisément tracer le contour ni attribuer des caractéristiques quantifiables. Je dirais même que l'identité se trouve dans la perception pure et simple, avec un soupçon de mémoire immédiate. Là-dessus, je finis sur une digression rapide pour référer au premier film Ghost In The Shell, qui a été une illumination pour moi (le moment où l'on découvre la vérité à propos du Puppet Master… no spoil au cas où tu ne l'aurais pas vu). En ce sens, l'identité est sujette à de nombreux aléas, et la seule constante pour la définir est le sentiment de pouvoir énoncer et ressentir dans l'instant "je".

 

 

 

 

 

 

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"Là où j'aimerai ajouter une nuance c'est sur la nature de cette vérité : pour moi cela à plus trait à la vérité de l'expression, à sa qualité, plutôt qu'à leur personne, car dans ce cas nous ferions d'eux des entités figées en dehors du temps et du potentiel évolutif de l'Homme."

 

Je dis justement plus loin, grâce à Descartes, que cette vérité est vraie dans l'instant, qu'elle doit être revérifiée souvent, car on ne peut la considérer comme un acquis ni un savoir. Ils ne seraient alors pas figés en dehors du temps, mais plutôt définis uniquement dans l'instant (ce qui quelque part est hors du temps, d'accord...).

 

 

 

"L'expression de l'émotion a valeur ici de "vérité" selon le principe énoncé. Imaginons la possibilité que cette croyance soit basée sur un mensonge..."

 

Il est peut-être pertinent de préciser tout de suite que je ne crois pas en l'objectivité. Quand je parle de vérité, il s'agit de verité "interne" à l'être. La réalité factuelle extérieure ne prend pas en compte la "valeur" de vérité, qui est à mon sens absurde hors de notre propre subjectivité.

 

Bon, je ne dirai donc pas le contraire, une croyance est difficilement discutable.

 

"Rectifies si je fais fausse route : une sorte de photo sensorielle instantanée grand angle ayant l'ambition de tout inclure dans le cliché ?"

 

Euh, je ne vois pas bien comment tu arrives à cette image, désolée je ne vois pas vraiment le rapport…

 

J'ai pensé à cette image comme illustration d'une synthèse à un moment T de l'esprit et de notre ressenti en fonction des innombrables facteurs qui forment l'expérience et le ressenti que l'on peut avoir, mais je me rends compte que c'est assez éloigné de ton angle d'approche sur l'expérience, le vécu.

 

"Le truc qui me fais tiquer et pour taquiner c'est : " Cela me conforte". Ta réflexion avait-elle pour unique objectif de renforcer une intuition?..."

 

Haha! Ça n'étais pas l'ojectif quand j'ai commencé à y réfléchir, mais il se trouve que je suis retombée là-dessus. Disons que c'est ce qui m'empêche de trouver mon raisonnement "creux". Je n'ai jamais aimé la distinction qu'on peut faire entre "le coeur et la raison", j'ai toujours trouvé ça arbitraire et simpliste. Je pense que (c'est l'objet de ce post en fait) une réflexion n'est acceptée que quand elle est validée par notre sentiment, et que parfois on l'a validée sans l'avoir encore clairement formulée. Alors peut-être que ce sentiment a manipulé ma réflexion depuis le début pour m'y faire retomber comme par magie (en fait c'est plus que probable), mais disons que ma toute première conscience ne s'en était pas rendue compte à la base.

 

 

 

 

"D'accord pour souligner le contact entre la pensée et l'émotion et la primeur de la seconde sur la première pour une raison développementale..."

 

Je suis d'accord, du point de vue du développement du cerveau, de l'être humain en général. En revanche, je pense que l'émotion n'a pas forcément la primeur sur la pensée ; je ne vois pas vraiment la première comme une force titanesque qui trainerait dans son sillage la seconde. Je ne serais pas vraiment capable de t'expliquer comment exactement, mais il me semble que leur rapport est plus complexe (je vais essayer d'éclaircir ça prochaînement). Je suis à peine d'accord avec la distinction qu'on est habitué de faire entre ces deux.

 

Bien sûr cette perceptive chronologique n'a pas valeur de définition sur le rapport entre les deux et n'implique aucune hiérarchie : j'ai déjà rencontré des personnes avec une forte dominante sur un pôle et d'autres à l'exact opposé. Pour ce qui est de l'expérience, de la subjectivité, du vécu, ce qui prime pour moi c'est la capacité de modulation, d'évolution, de complexification de l'émotion en fonction de la pensée, des représentations que l'on défait et construit, ayant une influence sur notre univers psychique. Ceci pouvant concourir à ce que certains appellent pompeusement : "intelligence émotionnelle" : notre univers psychique et donc nos émotions changent suite à un apprentissage et notre capacité à lire l'émotion chez nos pairs évolue : "je comprends à peut prêt ce que je ressent et d'où cela vient, ainsi je commence à mieux comprendre mon alter ego", une sorte de capacité d'empathie grandissante.

 

 

"Pour l'ego..."

 

Je suis tout à fait d'accord avec toi là-dessus. L'ego n'est pas un objet, tu l'as bien dit "le sentiment d'identité désigné" : l'identité comme sentiment, pas quelque chose dont on peu aisément tracer le contour ni attribuer des caractéristiques quantifiables. Je dirais même que l'identité se trouve dans la perception pure et simple, avec un soupçon de mémoire immédiate. Là-dessus, je finis sur une digression rapide pour référer au premier film Ghost In The Shell, qui a été une illumination pour moi (le moment où l'on découvre la vérité à propos du Puppet Master… no spoil au cas où tu ne l'aurais pas vu). En ce sens, l'identité est sujette à de nombreux aléas, et la seule constante pour la définir est le sentiment de pouvoir énoncer et ressentir dans l'instant "je".

 

Haaaaaaaa, le chef d'oeuvre de Monsieur Oshii Mamoru, j'en étais complètement dingue, j'ai user le DVD & le CD comme rarement.

 

Pour la définition d'une identité se trouvant dans la perception pure et simple avec un soupçon de mémoire immédiate, pour moi là ça coince. Je coupe peut-être les cheveux en quatre mais j'aimerai faire la distinction entre perceptions sensorielles et nos représentations mentales, notre vision. Les sens pour moi sont trompeurs et faillibles, je ne poserai pas le sentiment d'identité la-dessus, j'aurai l'impression de construire ma maison sur une faille sismique. Une illustration qui me vient assez facilement : l'identification corporelle. Lors de notre développement dans les premiers âges et notre chevauché effrénée pour prendre possession progressivement de nos facultés motrices et mentales, le sentiment d'identité est déjà présent mais avec un cerveau en friche (qui d'ailleurs n'est jamais totalement fini). On contrôle de mieux en mieux notre corps, on s'en saisie et automatiquement notre sentiment d'identité se greffe dessus. Bien. Le problème que je vois et que j'ai expérimenté c'est que généralement cela reste en l'état, nous pouvons nous développé parfaitement, acquérir nombres de capacités, mais bizarrement pour la façon dont on s'identifie au corps, on reste avec de vieux automatismes de traitement de l'information, des représentations figées. C'est bien aussi pour cela que lorsque le corps change à l'adolescence que certains expérimentent des bribes de troubles identitaires le temps de moduler le sentiment, de s'adapter.

Partant de là, c'est seulement en se cognant, en étant blessé que l'on accuse alors le poids de nos archaïsmes. Pour une bosse c'est pas grave, cela ne vient pas bousculer le sentiment d'identité attaché à notre corps, mais lors de graves traumatismes, chocs, accidents et autres où l'on peut perdre un membre, ses cheveux, des capacités qui d'habitude vont de soi, par la force des choses cela pose alors un problème identitaire :

 

"mon bras est une partie de moi, je perds mon bras, je perds une partie de moi, je perds un bout de mon identité".

"mes cheveux, mes seins sont une partie de moi, je les perds je perds une partie de moi, je perds de mon identité."

 

Imparable, logique et c'est bien là le gros du problème. Un sujet énorme, en gros se remettre de ce genre de traumatisme, d'expérimentation de notre condition d'homme, de femme, revient à aller mettre les mains dans ces archaïsmes et envisager que notre identité peut être modulée, s'adapter aux découvertes que l'on fait sur soi, sur notre condition. Notre sentiment d'identité s'adapte (ou pas, c'est bien le problème pour certains) pour progressivement se focaliser sur l'esprit, l'émotion, nos connaissances, notre vision.

 

Si l'on a la volonté de comprendre cet univers, l'esprit, l'émotion, il peut arriver que nos perceptions sensorielles deviennent un outil insuffisant. Tout les sens peuvent être altérés, si j'y greffe mon sentiment d'identité je suis très mal barré et risque de me taper des angoisses de morcellement assez pénibles pour rester soft. Le pire/meilleur exemple reste le "locked syndrom" : la personne n'a plus aucun contrôle sur son corps, aucun muscle, elle est comme emmurée en son fort intérieur. Je te prie de croire que cette situation doit sacrément chambouler son sentiment d'identité. Seul le mouvement de l'esprit reste. Je sais bien que l'objectivité te donne de l'urticaire, mais quand je pense à ça et que je me dis que je ne suis pas différent de lui, je me pose de drôles de questions fondamentales. Bien sûr le sentiment s'adapte, tout ceci ne s'inscrit pas en faux avec ta conception, c'est juste le degrés d'adaptabilité du sentiment que je pointe et nos croyances originelles sur ce que nous sommes, desquelles provient le trouble identitaire quand nous découvrons le caractère périssable de notre corps et de nos sens. D'ailleurs pour boucler la chose, v'là la frustration et la colère pouvant naître quand nous sommes mis en face de ce genre de faits du jour au lendemain.

 

De la réalité pure et dure pas vraiment "sympa" à envisager, désolé, ce qui n'enlève rien au fait que la solution se trouve bien comme tu le dis dans la subjectivité de la personne, dans la façon dont elle gérera le chantier occasionné par la remise en cause de ses encrages identitaires originels et la perte ou l'altération de ses sens. Comme pour la mort tout ceci à l'avantage (si si j'en vois un) de mettre le focus sur l'émotion, la pensée, les représentations mentales, que l'on peut faire évoluer pour s'adapter, ceci représentant le combat majeur des guerriers et guerrières. "L'homme, la femme peut être détruit mais ne peut être vaincu", Ernest Hemingway.

 

 

 

 

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Je suis d'accord avec toi, mais j'ai dû mal exprimer mon idée en parlant d'identité basée sur la perception. Je ne faisais pas référence au corps, mais à la perception de sa propre conscience, et c'est pour cela que je mentionnais la mémoire immédiate. Pouvoir percevoir le "je" devant chacune de ses pensées, et faire la connexion entre le "je" que je viens d'observer et le "je" que je constate à présent pour ainsi arriver à définir un "je" qui s'émancipe de la simple perception immédiate, (en gros, reconnaître ses traces de pas) bref une conscience d'identité. Je mets en pj une retranscription des dialogues qui m'intéressaient précisément. Bref, en regardant ça j'ai connu l'illumination :d

"L'homme n'est individu qu'à cause de sa mémoire intangible. La mémoire ne peut être définie mais elle définit l'humanité. L'informatisation a créé un système de mémoires parallèle au vôtre." [...]

"En voyageant dans les réseaux, j'ai pris conscience de mon existence." [...]

"Je me considère comme une forme de vie car je suis sensitif et capable de reconnaître ma propre existence."

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Je suis d'accord avec toi, mais j'ai dû mal exprimer mon idée en parlant d'identité basée sur la perception. Je ne faisais pas référence au corps, mais à la perception de sa propre conscience, et c'est pour cela que je mentionnais la mémoire immédiate. Pouvoir percevoir le "je" devant chacune de ses pensées, et faire la connexion entre le "je" que je viens d'observer et le "je" que je constate à présent pour ainsi arriver à définir un "je" qui s'émancipe de la simple perception immédiate, (en gros, reconnaître ses traces de pas) bref une conscience d'identité. Je mets en pj une retranscription des dialogues qui m'intéressaient précisément. Bref, en regardant ça j'ai connu l'illumination :d

"L'homme n'est individu qu'à cause de sa mémoire intangible. La mémoire ne peut être définie mais elle définit l'humanité. L'informatisation a créé un système de mémoires parallèle au vôtre." [...]

"En voyageant dans les réseaux, j'ai pris conscience de mon existence." [...]

"Je me considère comme une forme de vie car je suis sensitif et capable de reconnaître ma propre existence."

 

GG Major, une pensée lumineuse dans le cervelet ça fait toujours son effet. IBF-129.gif

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J'avais préparé une réponse si longue et mon ordinateur a bogué sans que j'enregistre, forcément. J'espère que je pourrai à nouveau retranscrire les sentiments que j'ai ressenti à la lecture. Sur base de cette lecture et de ma compréhension personnelle, je voudrais donner ainsi mon propre avis. Après lecture de tes pensées, les miennes me semblent bien ridicules au vu de mon inexpérience et je ne voudrais pas avoir la prétention de sembler avoir une version juste mais c'est ainsi que je perçois les choses du haut de ma petite vie.

 

Chacun de nous tente désespérément de se débattre, pensant que peu à peu, les choses évolueront, changeront, que les choses finiront pas forcément aller mieux par la suite. Nous cultivons l'espoir. A notre grand désarroi, les choses continuent telles quelles. Nous déboussolant, nous blessant, provoquant des questions dans notre esprit jusqu'à dériver jusqu'à une certaine hantise, un mal-être profond.

 

La colère se manifeste souvent par deux types diamétralement différents. L'un va s'éteindre doucement dans l'ombre jusqu'à mourir depuis l'intérieur, n'ayant jamais été capable de faire sortir toute sa frustration, ses sentiments. L'autre va rester silencieux sur les vraies raisons et faire passer sa colère sous forme de rejet violent sur autrui, physiquement ou psychologiquement, les torturant sous son bon vouloir. Tous deux ne recherchant aucune solution concrète à leur problème.

 

Qu'est-ce qui peut empêcher les individus de faire ce qui semblerait être le plus raisonnable et le plus évident ? Pourquoi ne pas communiquer son désarroi au lieu de ruminer de sombres pensées encore et constamment ? Est-ce la peur d'être incompris, la peur qu'en parler n'inquiète inutilement les autres alors qu'il n'y a vraisemblablement aucune solution, la peur que les raisons pour lesquelles nous sommes perdus ne semblent pas fondées aux yeux des autres,... ? A croire que parler sincèrement et de manière limpide de ses tracas pour se faire aider serait un tabou. Chacun semble avoir choisi de finir détruit.

 

Mais ces soucis qui perturbent notre moi sont-ils toujours ceux que l'on pense ? D'ailleurs, ne vous semble-t-il pas que nous confondons souvent la colère et la tristesse ? Ils sont plus proches l'un de l'autre que ce que l'on pourrait penser au premier abord. Ce n'est non pas la même et unique chose qui tourne dans votre esprit sans cesse mais un flot de sentiments négatifs qui vient faire le manège dans votre tête. Et l'accumulation se fait de plus en plus intense...

 

Les soucis que le cœur des individus pense avoir font partie de leur monde et ne peuvent peut-être ne pas être perçus de la même manière par ces personnes par qui elles voudraient être comprises. « Je n'arrive pas à atteindre mes objectifs : est-ce que je ne le peux pas, est-ce que je n'en ai pas la volonté, est-ce que mes ambitions semblent trop lointaine de ce que mes compétences m'apportent... ? » Peu importe la réponse. Quand un fort doute règne, nos capacités de réflexion et d'action s'en trouvent irrémédiablement réduites.

 

Le fait de faire souffrir les autres parce que vous taisez la vôtre ne fera que l'amplifier et vous emmener dans un cercle vicieux et sans fin. Vous vous détesterez davantage et finalement, certains pourront se demander s'ils méritent cette aide.

 

Pour les uns, la douleur est telle qu'après s'être effondré devant toutes ces incertitudes, le mieux est encore de rejeter la faute sur sa propre personne et se complaire dans le fait de se détester soi-même, rendant l'accès encore plus difficile pour les autres. Plus le temps avance, plus le cri de détresse se fera lointain.

 

Pour les autres, ils continueront à susciter la haine chez les autres afin de se faire détester et barrer la route à toute possibilité d'aide. Ils sont en colère contre eux-mêmes et ressentent la nécessité de se faire détester des autres pour procéder à une sorte d'expiation.

Je ne pense pas que nous soyons masochistes bien que cela puisse le sembler. Mais je pourrais penser que la peur qui règne surtout est celle qui nous fait penser que les choses ne peuvent changer sans que nous en prenions la majeure responsabilité. Seulement, prendre des responsabilités peut aussi vouloir dire procéder à des changements. Le changement peut effrayer, et encore plus s'il est à effectuer envers nous-mêmes. Il peut sembler plus facile de faire face à une situation dont on a l'habitude, même si elle est mauvaise. Et de gérer comme on le peut en étouffant la souffrance. Cette impuissance nous frustre au plus haut point. C'est d'autant plus vrai quand un changement est impossible alors que le désir de changer est bien présent.

 

« Je me déteste, je suis inutile, je ne suis pas comme je le voudrais, pourquoi je n'ai pas agi à ce moment, pourquoi je n'ai pas pu le faire, je suis incapable de changer quoi que ce soit. »

 

Je pense que toutes les personnes au bord du gouffre doivent se poser les mêmes questions mais ne peuvent pas évacuer leur frustration de la même manière et surtout de la bonne manière. La colère la plus destructrice, c'est finalement celle qui est destinée à nous détruire nous-mêmes.

 

Je ne suis pas certaine que ce soit exactement approprié au sujet mais c'est ainsi que j'ai pu ressentir les choses. Veuillez aussi m'excusez pour la mise en forme qui est beaucoup moins travaillée que la vôtre, je l'accorde. J'espère que cela ne semblera pas trop léger par rapport à ce que j'ai voulu faire passer.

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J'avais préparé une réponse si longue et mon ordinateur a bogué sans que j'enregistre, forcément. J'espère que je pourrai à nouveau retranscrire les sentiments que j'ai ressenti à la lecture. Sur base de cette lecture et de ma compréhension personnelle, je voudrais donner ainsi mon propre avis. Après lecture de tes pensées, les miennes me semblent bien ridicules au vu de mon inexpérience et je ne voudrais pas avoir la prétention de sembler avoir une version juste mais c'est ainsi que je perçois les choses du haut de ma petite vie.

 

C'est drôle il m'est arrivé la même chose hier soir, comme quoi c'était le moment de cet échange. Moi par contre j'étais effondré quand ça m'est arrivé, mal partout, dégoûté, au final je n'ai pas retrouvé l'idée et suis reparti sur un truc approchant. S'il te plaît pas de comparaisons de vécus et de pensées, c'est par la force de la nécessité et l'obligation de s'en sortir que tout cela c'est créer. Je tiens à annihiler (dans la mesure du possible) toute hiérarchisation, ça me rend malade et m'obligerai presque à me mettre par terre pour ne pas me retrouver accuser par ma conscience (elle rigole pas et veille au grain en général) ou tes propos de tirer un quelconque avantage du malheur. Le seul que je veux dominer c'est moi même. Personnellement la prétention ça ne me gène pas car je sais que l'ambition peut être un bon moteur pour s'en sortir en se fixant des objectifs nous motivant, c'est surtout question d'être à la hauteur et de bosser. Prière d'effacer "petite vie".

 

Chacun de nous tente désespérément de se débattre, pensant que peu à peu, les choses évolueront, changeront, que les choses finiront pas forcément aller mieux par la suite. Nous cultivons l'espoir. A notre grand désarroi, les choses continuent telles quelles. Nous déboussolant, nous blessant, provoquant des questions dans notre esprit jusqu'à dériver jusqu'à une certaine hantise, un mal-être profond.

 

Vi, ça me parle, par contre pour moi c'est moins une question d'espoir que de lucidité, histoire de ne pas s'illusionner et surtout de ressources. En général de mon côté j'ai toujours une idée de comment m'en sortir, via passage au mode survie et stimulation de l'esprit. Le problème à ce moment ce sont les ressources. Je ne vais pas te raconter ma vie mais l'effort que cela demande pour gérer la douleur physique perpétuelle pompe quasiment tout, laissant que peu de ressources pour le reste. Par exemple devant ce qui ressemble à mes yeux à des dérapages (qui n'en sont peut-être pas) mes réactions sont en général disproportionnées car pour réagir je suis obliger de puiser dans les réserves et cette réserve s'appelle en général colère. Que c'est vilain. Pourquoi elle et pas une autre ressource émotionnelle tu pourrais penser ? A cause d'un système de valeurs certes critiquable, mais face à certains événements et abus et que grandissant tu te rends compte que de nombreux arbres de l'esprit ont des racines en commun dans ce marrais, tu peux essayer de développer une discipline personnelle pour ne jamais avoir à faire avec cette flaque nauséabonde. Un idéal c'est bien, en avoir les moyens c'est mieux. C'est toujours une question de puissance, de ressources. Quitte à se cramer en vol tu restes accrocher à la ligne directrice car quand tu considères les enjeux et les conséquences si tu chutes, ce n'est pas de l'angoisse que tu peux ressentir mais de la terreur, tout simplement. En gros "Plutôt mourir" que de m'économiser et voir le drame se produire et ne rien faire. La hantise, oui, quand l'habitude de tout porter se retrouve pieds et poings liés : à force de frôler les limites ont les trouves. Hantise également dans cette situation d'être on ne peut plus respectueux mais de devoir souffrir certaines choses. Là par soucis de ne pas basculer dans une réaction sans discernement, on prends de la distance, on calme le jeu, pour une question de survie en quelques sorte et de soucis de ne pas diffuser à tord et à travers une humeur qui, au final, plonge ses racine également dans des faits sans rapport.

J'ai un peu condenser ici un résumé n'étant pas précisément une réponse à ton propos.

 

La colère se manifeste souvent par deux types diamétralement différents. L'un va s'éteindre doucement dans l'ombre jusqu'à mourir depuis l'intérieur, n'ayant jamais été capable de faire sortir toute sa frustration, ses sentiments. L'autre va rester silencieux sur les vraies raisons et faire passer sa colère sous forme de rejet violent sur autrui, physiquement ou psychologiquement, les torturant sous son bon vouloir. Tous deux ne recherchant aucune solution concrète à leur problème.

 

A quand même, je ne sais pas ce que représente "souvent" et la réduction de ce sentiment à ces deux options, mais je me sens mal tout d'un coup. En gros je dois choisir où se trouve la mienne. Face à pareil choix je choisirais la première, en me demandant toutefois auparavant pourquoi pas la deuxième : quand on est isolé il est tout de même difficile de torturer les autres, mais je veux bien étudier en toute honnêteté toute souffrance que j'aurai causé à quelqu'un sans que j'ai prie la peine de le rassurer sur le fait que je ne nourri aucun ressenti à son égard. Bien sûr c'est une mauvaise chose, bien sûr que l'idéal comportemental serait autre. En gros je douille suffisamment pour ne pas en rajouter par dessus. On pourrait penser : "oui mais en faisant ça c'est l'incompréhension et cela sera interpréter comme un rejet, une torture". Je suis toujours partant pour une cession intensive d'honnêteté intellectuelle. Pour le principe je pourrai dire d'accord, l'idéal demeure dans une pleine capacité à être responsable de ses actes et paroles ainsi que sur les répercussions qu'ils peuvent avoir. Je ne sais pas ce que cela évoque pour toi, mais personnellement en pensant aux aptitudes et ressources que cela demande, j'ai envie de dire : "que celui qui demeure au sommet de cette montagne entende ma prière et me montre comment il fait pour rester percher tout là haut, je peux être un disciple particulièrement attentif et impliquer" *l'écho se propage trois fois le long de la chaîne montagneuse*.

 

Qu'est-ce qui peut empêcher les individus de faire ce qui semblerait être le plus raisonnable et le plus évident ? Pourquoi ne pas communiquer son désarroi au lieu de ruminer de sombres pensées encore et constamment ? Est-ce la peur d'être incompris, la peur qu'en parler n'inquiète inutilement les autres alors qu'il n'y a vraisemblablement aucune solution, la peur que les raisons pour lesquelles nous sommes perdus ne semblent pas fondées aux yeux des autres,... ? A croire que parler sincèrement et de manière limpide de ses tracas pour se faire aider serait un tabou. Chacun semble avoir choisi de finir détruit.

 

De mon expérience, il existe des problèmes qui ne se soignent pas en parlant. De plus il existe la double peine ( le fait de rajouter à la souffrance originelle celle de devoir l'évoquer). Je ne suis vraiment pas fan des déballages de ce type même avec des personnes qualifiées pour entendre des horreurs car ce n'est pas la solution dans mon cas. Ce que tu évoques reviendrai face à une personne ayant essuyer une injustice (par exemple le viol) de lui dire de quitter la révolte pour se "faire soigner". Je ne sais pas si tu te représentes la scène mais moi j'y vois quelque chose de détestable. Tout comme le fais de dire à cette personne qu'elle est perdue. Parler sincèrement je l'ai fait et je suis entrain de le faire, certes avec mon clavier mais c'est le mieux pour moi : le moins usant car je prends mon temps et sur un mode que j'aime, l'échange d'idée sur un thème ne se résumant pas à évoquer des points personnels.

 

Mais ces soucis qui perturbent notre moi sont-ils toujours ceux que l'on pense ? D'ailleurs, ne vous semble-t-il pas que nous confondons souvent la colère et la tristesse ? Ils sont plus proches l'un de l'autre que ce que l'on pourrait penser au premier abord. Ce n'est non pas la même et unique chose qui tourne dans votre esprit sans cesse mais un flot de sentiments négatifs qui vient faire le manège dans votre tête. Et l'accumulation se fait de plus en plus intense...

 

Vaste question. Confondre, je dirai plutôt aborder la nature de leurs relations et l'interdépendance chez certaines personnes. D'ailleurs il peut être intéressant d'observer les différences inter-personnelles de réactions émotionnelles face à un même événement. Quels facteurs ou orientations psychiques induiraient chez l'un de la tristesse, chez l'autre de la tristesse se transformant en colère, de la colère, de la colère se transformant en tristesse ? A mettre de côté. Le tableau que tu dresses est assez parlant. Après de là à faire le ménage, cela impliquerait une prévalence sur tout.

J'ai déjà connu cela, d'ailleurs on en trouve un vague aperçu dans ce topic. Vrai que la sensibilisation à la colère existe (réactions de plus en plus rapides et fortes) et pour ce qui est de l'accumulation, oui, reste à la personne de savoir quoi en faire.

Les soucis que le cœur des individus pense avoir font partie de leur monde et ne peuvent peut-être ne pas être perçus de la même manière par ces personnes par qui elles voudraient être comprises. « Je n'arrive pas à atteindre mes objectifs : est-ce que je ne le peux pas, est-ce que je n'en ai pas la volonté, est-ce que mes ambitions semblent trop lointaine de ce que mes compétences m'apportent... ? » Peu importe la réponse. Quand un fort doute règne, nos capacités de réflexion et d'action s'en trouvent irrémédiablement réduites.

 

Je ne vois pas en quoi le doute est une mauvaise chose. Je ne sais pas si tu as déjà assister à un débat où personne n'est en capacité de douter, mais je t'assure que de ce que j'ai vu cela ressemblait à un combat de coqs, où la vérité, la connaissance sont traînées dans la boue pour satisfaire l'immonde suffisance des uns et des autres. Sûr que ce n'est pas un principe d'action, c'est même la parfaite l'antithèse. Je trouve tout de même bon qu'il puisse exister avant l'action.

 

Le fait de faire souffrir les autres parce que vous taisez la vôtre ne fera que l'amplifier et vous emmener dans un cercle vicieux et sans fin. Vous vous détesterez davantage et finalement, certains pourront se demander s'ils méritent cette aide.

 

Non mais sois (ou "soyez" je ne sais plus on passe de l'un à l'autre, le vouvoiement je n'y tiens pas particulièrement) sans crainte j'ai communiquer avec les personnes impliquées, il en reste une, cela sera fait prochainement. Pour l'idée qui suit (d'ailleurs je ne suis pas certain de comprendre), l'erreur pourrait être de croire que j'attends quelque chose de quelqu'un, ce n'est pas le cas, personne n'a de dette vis à vis de moi.

 

 

Pour les uns, la douleur est telle qu'après s'être effondré devant toutes ces incertitudes, le mieux est encore de rejeter la faute sur sa propre personne et se complaire dans le fait de se détester soi-même, rendant l'accès encore plus difficile pour les autres. Plus le temps avance, plus le cri de détresse se fera lointain.

 

Tu as raison, c'est précisément ce qui fait la différence entre ceux qui peuvent s'en sortir seul et les autres et c'est bien pour ça que je n'aime pas voir quelqu'un se dévaloriser face à l'échec ou l'impuissance : avoir ce comportement quand on ne peux compter que sur soi pour s'en sortir c'est suicidaire. J'aime pas l'idée, c'est viscéral. C'est un des biais cognitif qui caractérise la dépression.

 

Pour les autres, ils continueront à susciter la haine chez les autres afin de se faire détester et barrer la route à toute possibilité d'aide. Ils sont en colère contre eux-mêmes et ressentent la nécessité de se faire détester des autres pour procéder à une sorte d'expiation.

 

Oui, cela existe. Il y a même une variante plus basique où l'on ne tolère pas la proximité d'un inconnu quand on gît par terre.

 

Je ne pense pas que nous soyons masochistes bien que cela puisse le sembler. Mais je pourrais penser que la peur qui règne surtout est celle qui nous fait penser que les choses ne peuvent changer sans que nous en prenions la majeure responsabilité. Seulement, prendre des responsabilités peut aussi vouloir dire procéder à des changements. Le changement peut effrayer, et encore plus s'il est à effectuer envers nous-mêmes. Il peut sembler plus facile de faire face à une situation dont on a l'habitude, même si elle est mauvaise. Et de gérer comme on le peut en étouffant la souffrance. Cette impuissance nous frustre au plus haut point. C'est d'autant plus vrai quand un changement est impossible alors que le désir de changer est bien présent.

 

J'aime ta délicatesse... En théorie tout cela est parfaitement accessible, en substance survivre c'est s'adapter, changer. On va dire que j'ai un peu tirer sur la corde de ce côté, c'est fatiguant, voilà tout. Pour ce qui est des responsabilités j'ai aussi une vague idée de ce que cela représente et ne sont pas étrangères à mon invalidité physique à plus de 70%.

« Je me déteste, je suis inutile, je ne suis pas comme je le voudrais, pourquoi je n'ai pas agi à ce moment, pourquoi je n'ai pas pu le faire, je suis incapable de changer quoi que ce soit. »

Je pense que toutes les personnes au bord du gouffre doivent se poser les mêmes questions mais ne peuvent pas évacuer leur frustration de la même manière et surtout de la bonne manière. La colère la plus destructrice, c'est finalement celle qui est destinée à nous détruire nous-mêmes.

 

C'est tout à fait juste, ce drame se joue tout les jours. Le bord du gouffre dis-tu, ça me parle, je te propose alors la question de ce qu'il faut pour garder l'équilibre et ne pas chuter ? Pas sur un plan théorique : nous avons tous eu des expériences éveillant ce genre de sentiment. Je considère tout ce que tu dis avec intérêt, c'est toujours stimulant d'échanger sur de tels sujets. Pour conclure j'entends tout ce que tu me dis, comme Duet peut le faire. Si il y a une chose que je respect c'est la bonne volonté et l'échange désintéressé. Mon propos visait surtout à souligner une réalité peut-être difficilement accessible sans que je m'étende en métaphores horribles pour que vous puissiez vous faire une idée de la réalité de ma situation et affiner votre vision. Ce n'est pas nécessaire car le fond du problème c'est la ressource. Tu connais la chanson : celui qui conseille sans avoir personnellement connu le vécu est toujours enclin à douter de la pertinence de son propos et c'est le signe pour moi d'une lucidité certaine. Comme tu l'as dis, que je parle ou non ma situation sera la même, donc on fini toujours par se dire mais à quoi bon ? L'horrible loi économique du psychisme humain. Je ne souffrirai pas moins si je campe dans la SB pour parler de ça.

J'avance à mon rythme, voilà tout, et vos réflexions et remarques me permettent d'interroger tout cela différemment dans l'appréciation de mon orientation.

 

Pour la colère rassures-toi, sans diverses nuisances elle est assez sage, elle accepte même de travailler quand je la prend de la bonne façon, elle est juste un peu sensible.

Je ne suis pas certaine que ce soit exactement approprié au sujet mais c'est ainsi que j'ai pu ressentir les choses. Veuillez aussi m'excusez pour la mise en forme qui est beaucoup moins travaillée que la vôtre, je l'accorde. J'espère que cela ne semblera pas trop léger par rapport à ce que j'ai voulu faire passer.

 

Non Ji-Aizen, le vouvoiement et les excuses c'est inutile, moi j'ai que ça à faire. "Trop léger" est une belle ironie quand je pense au contenu.

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Désolée pour ce qui est de la "comparaison" mais je ne peux pas m'empêcher de penser que malgré que ma vie n'ait pas toujours été rose, je suis loin d'être malheureuse et je ne peux pas passer pour quelqu'un qui voudrait se plaindre. Je veux simplement exprimer des sentiments que j'ai déjà ressenti par le passé. Je ne voudrais pas sembler "croire que je comprends mieux que les autres". Je ne sais pas comment exprimer cela...

 

C'est vrai que dés que les ressources manquent pour s'en sortir, notre état ne joue pas forcément plus dans la balance. On essaye de suivre le chemin le plus sûr mais même ce chemin n'est pas toujours possible à prendre ou à garder. On peut se demander si la vie est trop courte pour se permettre des écarts ou tout gâcher ou si au contraire, les risques sont à prendre...

 

Désolé pour ces deux choix. Mais je pense que c'est ainsi que ça fonctionne : soit on la rumine, soit on la rejette sur les autres. Bien sûr, la colère peut très bien être uniquement contre les autres et pas juste contre soi-même mais dans les deux cas, elle ne peut être exprimée que dans le silence ou dans les cris.

 

Je ne suis moi-même pas adepte de parler de mes problèmes en règle générale et c'est bien à la personne concernée que je ne voudrais surtout pas à en parler. Surtout que j'ai tendance à emmêler les racines de ma colère la plupart du temps. Je préfère le ruminer en moi jusqu'à ce que ça passe et puis, ne faire semblant de rien. J'ai l'impression que c'est ce qui comporte le moins de risques pour moi. J'ai l'impression de mieux gérer ça seule même si au fond, je suis sûre que c'est complètement faux pour certaines situations. Maintenant, tout dépend des personnes et des situations. Certaines personnes préfèrent se battre seules et aussi, comme tu l'as énoncé, il est vrai que certains problèmes sont plus délicats que d'autres et en parler peut nous faire nous détester encore plus dans la situation que nous vivons ou davantage nous enfoncer. En plus, si on constate que, face au problème, face ou à plusieurs, il est impossible de résoudre nos problèmes, on peut en être davantage abattus...

 

Pour ce qui est de la colère et de la tristesse, je pense également que c'est notre vécu qui nous permet de réagir de telle ou telle façon face à un événement, des paroles, une image,... D'ailleurs, il y a des situations où je suis dans l'un des états et mes proches me croient dans l'autre. "Je ne suis pas fâchée, ça m'attriste simplement". "Ce n'est pas que je suis triste, c'est que son comportement m'a mise en colère". Et effectivement, ces sentiments peuvent encore évoluer... Ce serait bien trop simple si tout le monde avait les mêmes réactions face aux mêmes choses. C'est aussi ce qui provoque l'incompréhension des uns vers les autres. Mais c'est aussi ce qui fait notre richesse et c'est aussi la raison pour laquelle nous discutons, je pense. Je pense notamment à la fois où vous m'avez demandé si j'étais vexée.

 

Il est vrai que douter amène à réfléchir par rapport à des personnes qui penseraient détenir la vérité absolue. Cependant, douter me fait peur car réfléchir trop longtemps me donne l'impression de passer à côté de plein de choses ... Je ne sais pas s'il vaut mieux avoir pleinement confiance en soi ou laisser place au doute pour constamment se remettre en question. Après tout, avoir pleinement confiance et foncer tête baissée peut également beaucoup apprendre lorsqu'on se cogne à un mur et qu'on doit repartir de plus belle. Douter me donne parfois l'impression d'être lâche et de ne pas me confronter aux problèmes car ça m'a bien trop souvent donné l'impression que j'avais raté ma chance... Je voudrais ne plus douter pour découvrir ce que cela m'apporterait mais je peux m'empêcher de toujours repenser profondément à mes sentiments et actions.

 

Parfois, on essaye de s'en sortir seul car toute personne a son propre fardeau à porter et qu'on a pas toujours envie de faire porter une partie de notre fardeau à quelqu'un d'autre. C'est aussi ce qui peut encourager une personne à taire toutes ses souffrances. C'est d'autant plus vrai quand on sent la douleur chez l'autre et que lui ne va jamais nous en parler. Si l'autre n'en parle pas et tient bon, cela devrait aussi être possible pour notre propre personne. C'est triste mais il est possible d'admirer quelqu'un pour son apparente force de caractère et prendre exemple sur lui en retenant toutes ses plaintes et en combattant seul. "Si elle peut se montrer aussi forte, je dois résister moi aussi, je suis forcément capable de prendre sur moi".

 

Garder l'équilibre et ne pas chuter ? Ce qui est nécessaire ? Je pense que c'est différent pour chaque personne. Personnellement, j'ai besoin de me sentir utile aux autres, d'être appréciée pour ce que je suis et pour ce que je fais. On doit tous avoir l'un ou l'autre moteur qui nous permette de tenir...

 

"Ce n'est pas nécessaire car le fond du problème c'est la ressource. Tu connais la chanson : celui qui conseille sans avoir personnellement connu le vécu est toujours enclin à douter de la pertinence de son propos et c'est le signe pour moi d'une lucidité certaine." --> C'est ce que je voulais faire parvenir dans mon premier paragraphe : comment s'appréhender correctement quand on ne peut pas toujours saisir la profondeur du vécu de l'autre par rapport au nôtre ?

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Il est vrai que douter amène à réfléchir par rapport à des personnes qui penseraient détenir la vérité absolue. Cependant, douter me fait peur car réfléchir trop longtemps me donne l'impression de passer à côté de plein de choses ... Je ne sais pas s'il vaut mieux avoir pleinement confiance en soi ou laisser place au doute pour constamment se remettre en question. Après tout, avoir pleinement confiance et foncer tête baissée peut également beaucoup apprendre lorsqu'on se cogne à un mur et qu'on doit repartir de plus belle. Douter me donne parfois l'impression d'être lâche et de ne pas me confronter aux problèmes car ça m'a bien trop souvent donné l'impression que j'avais raté ma chance... Je voudrais ne plus douter pour découvrir ce que cela m'apporterait mais je peux m'empêcher de toujours repenser profondément à mes sentiments et actions.

Par rapport à ce que tu écris sur le doute, je dirais que c'est surtout une question de caractère qui nous rend ou non familier avec ce ressort. Après, pour ma part, ce mécanisme de remise en question n'aboutit pas au déni de tout ce qui me semble approximatif, mais à la découverte de vérités indubitables. C'est sur celles-ci que je peux alors m'appuyer pour avancer. En ce sens, le doute induit la confiance en soi, car il met au jour des fondations qui s'avèrent des outlis très fiables. Après, il ne s'agit pas de jeter tout ce qui est dubitable, parce que du coup on serait bien seul et on s'emmerderait sacrément… Mais plutôt d'accepter la part d'incertitude de notre existence. Accepter d'appréhender le monde avec ces irrationalités qui échappent à la rigueur de notre esprit. Au fond, c'est encore une question de confiance. Car on est et sera toujours confronté à un environnement, une réalité dubitable, alors il faudra bien à un moment accepter de jouer en plaçant sa confiance dans tout ce qui a la moindre possibilité d'être faux. Et ce sont nos vérités indubitables qui sont censées nous y aider, nous donnant confiance en nous pour accorder cette confiance à l'incertain. C'est peut-être un doute à deux vitesses, mais j'aime bien tout ce qui fonctionne par deux :)

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