First Man

 

Pilote jugé « un peu distrait » par ses supérieurs en 1961, Neil Armstrong sera, le 21 juillet 1969, le premier homme à marcher sur la lune. Durant huit ans, il subit un entraînement de plus en plus difficile, assumant courageusement tous les risques d’un voyage vers l’inconnu total. Meurtri par des épreuves personnelles qui laissent des traces indélébiles, Armstrong tente d’être un mari aimant auprès d’une femme qui l’avait épousé en espérant une vie normale.

--------------------------------------------------------

J'ai trouvé l'année 2018 assez pauvre en (bon) cinéma, et First Man vient largement relever le niveau. Bon, d'un côté, Damien Chazelle avait déjà réalisé les excellents Whiplash et La La Land respectivement en 2014 et 2016, donc je m'attendais à ce que First Man soit au minimum agréable... et finalement je me suis pris une bonne claque. Dans le bon sens du terme. Le résultat final est au-dessus de mes espérances, tout en étant assez surprenant finalement...

Là où, avec un tel sujet, on aurait pu s'attendre à un film très patriotique et grandiloquent, on se retrouve en fait face à une oeuvre très modeste et terre-à-terre. Ce n'est pas un film sur le premier pas de l'Homme sur la Lune. Ce n'est pas un film sur une avancée extraordinaire pour l'Humanité. Non, c'est avant tout le combat personnel, intérieur d'un homme qui a traversé de sacrées épreuves comme la mort de sa petite fille. Et qui malgré ça, doit effectivement endosser un rôle plutôt extraordinaire et devenir le premier homme à fouler le sol lunaire...

Evidemment, le film délivre des scènes d'une puissance rare, le décollage de Apollo 11 (puis son alunissage) sont tout à fait classables dans le registre épique, mais toujours avec une certaine retenue, maîtrisée.

Ici, pas de "c'est un petit pas pour l'homme..." filmé en plan large, avec de la musique épique et des effets de partout. Pas de planter de drapeau ultra-patriotique. On se concentre réellement sur Armstrong, ses sentiments, sa personne. Apollo 11, c'est finalement seulement un prétexte, le fond de l'histoire. La mission se termine d'ailleurs assez vite, au terme d'une scène émotionnellement surpuissante, que je ne révélerai pas ici pour ne pas spoiler.

Le film évite également de traiter de sujets peu intéressants comme le complotisme. En revanche, une scène assez intéressante, avec la chanson "Whitey on the Moon" (basée sur le poème éponyme) arrive au milieu du film, où l'on entend cet homme noir se plaindre des vrais problèmes sociétaux, pendant que "l'homme blanc" se balade sur la Lune à coup de milliards de dollars. Bien amené. 

C'est un film très "vrai", très humain. J'ai bien chialé sur la fin, ce qui est assez rare quand même. C'était vraiment fort. (ceux qui ont vu Interstellar feront vite le lien vu que les deux films traitent un sujet similaire, la relation père-fille et sa dégradation/fin sur fond de conquête spatiale)

L'interprétation de Gosling aide énormément. Il confirme avec ce film que c'est mon acteur préféré. Les autres acteurs, Claire Foy en particulier ont fait un excellent travail également. Chazelle sait diriger ses acteurs, aucun doute là dessus...

C'est aussi une vraie réussite audiovisuelle, avec une photo très typée, très année 60. L'effort au niveau du son est remarquable. Et je ne parle même pas de la BO, qui est devenue... mon album préféré de 2018. Rien que ça.

Très raccord avec le film, très minimaliste et intimiste avec des mélodies répétitives à la harpe, guitare, piano, avec un usage modéré mais apprécié de cordes et de cuivres. Et puis il y a ce thème, joué au thérémine... ah... Et quelques moments épiques, ex:

Bref, une réussite totale malgré un deuxième acte légèrement mou, je lui prédis une sacrée réussite aux oscars.

Mon coup de cœur de 2018. Top 50 direct. 

 

Modifié le 23 octobre 2018 par Silent